Le Magal de Touba, même s’il est célébré loin du Fouta, a aussi un réel impact sur l’économie locale. Les bana-bana, commerçants et artisans, qui sont au cœur de l’économie du Fouta, sont partis à Touba. Il faudra attendre une semaine après le Magal pour que la vie économique du Fouta reprenne son rythme habituel.

La communauté mouride ­établie au Fouta constitue un pilier essentiel de la vie économique de la région. Pour ces talibés, le Magal est l’occasion de prendre quelques jours de congé. Les boutiques, commerces et ateliers sont fermés à cause de l’absence de leurs propriétaires, partis pour la célébration du Grand Magal de Touba. Mais aussi depuis lundi, les marchés hebdomadaires sont déserts du fait du départ massif des «bana-bana» pour la ville religieuse. Ces dernières années, la majorité de talibés en partance pour Touba voyagent à deux ou trois jours du Magal, contrairement aux années précédentes, et la durée de leur séjour diminue de plus en plus. Kandji, tenancier d’une boutique à Galoya, quitte à 48h de l’évènement : «Nous sommes nombreux à avoir réduit la durée de notre séjour à Touba, car nous ne pouvons pas fermer nos commerces longtemps, alors qu’au même moment, nous dépensons beaucoup quand nous sommes en famille.»

Etabli à Mbolo Birane, A.D. rajoute : «Plus on dure, plus on crée des dommages dans les nombreux villages où l’on a des boutiques, car plusieurs pères de famille nous confient leurs dépenses quotidiennes pour tout le mois. Il n’y a pas pire manque à gagner que de fermer une boutique durant une semaine.» Dans les grandes agglomérations comme Ndioum, Bokidiawé, Thilogne, Ourossogui, l’ambiance n’est plus la même dans les marchés depuis lundi. Ce jour marque les premiers grands convoyages de pèlerins pour Touba. Le lundi, le marché hebdomadaire de Ndioum sonnait creux, annonçant le départ massif des bana-bana. A Agnam, connue pour son grand louma, itou. A Nabadji Civol, Thillé Boubacar et Galoya, il faut se contenter de la faible affluence. Il faudra attendre la semaine prochaine pour que leurs marchés ­hebdomadaires retrouvent leur lustre d’avant-Magal. Aïssata Sow, vendeuse de légumes, indique : «J’ai décidé de ne pas m’y rendre depuis l’année dernière, car tous mes livreurs partent au Magal et il s’en suit une semaine de chômage.»

Au-delà des marchés et louma déserts, les services de transfert d’argent et les boutiques de grossistes sont aussi fermés. Mais ce sont les détaillants qui sont les plus impactés par le départ de la majorité des grossistes pour Touba. Chérif, un boutiquier installé à Thilogne, ne cache pas ses inquiétudes : «Franchement la fermeture des magasins nous handicape car les détaillants ont beau stocker des marchandises avant leur départ pour Touba, les réserves s’épuisent très rapidement.» En écho, un autre boutiquier à Lougué Baba dont les fournisseurs sont à Galoya, enchaîne : «Mon seul problème, c’est mon fournisseur en crédit téléphonique qui a déjà rallié Touba.» Si les problèmes de transport causés par le grand nombre de voitures qui convoient les ­pèlerins à la capitale du Mouridisme ont diminué, les automobilistes peinent à trouver un atelier de mécanicien ou de réparateur de pneus ouvert.

LEQUOTIDIEN

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