«Mensonge», c’est le titre du nouvel album reggae de l’artiste Mam J Rassoul. Constitué de 11 titres, l’album explore des thématiques aussi variées qu’engagées. Les valeurs sociétales, la dégradation continue de l’environnement, l’érosion côtière. Avec son art, Mam J produit une véritable alerte sur le changement climatique, la pollution et surtout l’érosion côtière qui touche sa localité de Nianing.

Mam J Rassoul, Mamadou Diop à l’état civil, est un artiste originaire du village de Nianing dans le département de Mbour. Vendredi dernier, il a réuni ses amis et compagnons pour une séance d’écoute de son nouvel album dont le titre est Men­songe. Le titre de l’album Men­songe attire l’attention et Mam J explique ce choix du titre par la prégnance de cette tare dans la société d’aujourd’hui.

«Le mensonge est tel que les gens ont du mal à le dissocier de la vérité du fait d’une certaine manipulation dont font preuve certaines personnes pour arriver à leurs fins.

On a l’impression qu’aujourd’hui le mensonge prend l’ascenseur et la vérité prend l’escalier. C’est un peu compliqué pour l’humanité. Quand tu écoutes l’album, j’ai essayé de faire des thématiques. Pour moi, il est temps que nos décideurs, nos familles, mettent l’homme à sa place. On a l’impression qu’on veut mettre l’argent, le matériel à la place de l’humain.

Ce n’est pas l’argent qui doit parler à la place de …

C’est l’humain qui doit être au-dessus de nos préoccupations», concède l’artiste reggae aux longs dread­locks. «C’est après avoir travaillé avec Enda que j’ai tout compris. Quand on nous parle tout temps de Cop (Conférence mondiale sur le changement climatique), c’est un gros mensonge. Les dirigeants du monde sont là-bas pour décider pour la planète.

Ce sont de grands donneurs de leçons.

Or, ils observent la guerre entre la Palestine et Israël. C’est vous dire qu’ils sont les plus grands pollueurs. En retour, ils viennent nous parler du changement climatique.

C’est paradoxal ! Si aujourd’hui au Sénégal, même si on parle de changement climatique, d’où viennent les déchets plastiques ? ca ne vient pas de nous», insiste l’artiste reggae en parlant de ce 4e opus, sorti après les précédents qui ont été mis sur le marché respectivement en 2004, 2012 et 2017.

«Quand on parle de l’érosion côtière, qui construit en bordure de mer ?

Ce n’est pas toi, ce n’est pas moi, ce sont les personnes qui ont les moyens. Toujours, ce sont des donneurs des leçons. J’habite Nianing, où on note l’agression côtière, même si nos dirigeants parlent, ils nous prennent pour des analphabètes. La preuve, ils occupent les lieux», embraie l’artiste engagé.

«On nous parle aujourd’hui de la Justice, pour moi la vraie justice c’est la justice climatique », affirme Mam J en référence à l’un des titres de l’al­bum, Climate justice, dernier titre de cet album qui alerte sur le changement climatique, la pollution et surtout l’érosion côtière qui touche sa localité.

Le titre qui donne son nom à l’album, Mensonge, est en featuring avec Manjul.

Dans les textes de la chanson, sont abordées la manipulation des masses, la fabrication de l’ignorance, les guerres, la colère généralisée, les tensions et pressions mondiales. Président est le premier titre de ce nouvel album appelant le «président à écouter son Peuple». Sorti le 15 octobre 2023, ce titre incitait le Président sortant à ne pas souscrire à un troisième mandat prouvant ainsi l’engagement de l’artiste.

«Le reggae a toujours été un contre-pouvoir.

Le reggae est toujours là pour rappeler aux politiciens leur rôle. Le reggae a été toujours là pour sensibiliser», indique l’artiste dont le plus grand rêve est de voir l’unité africaine se concrétiser. Mam J Rassoul est un artiste qui essaye de joindre l’acte à la parole grâce à son association.

Parmi les actions déjà réalisées, les opérations une école, une poubelle ; un poteau, une lampe ; un talibé, une paire de chaussures ; un poste de santé, des paquets d’eau de javel et la dernière action, une morgue, une climatisation.

Le sit-in des reggaemen en vue
Mam J Rassoul crie son désarroi devant le traitement médiatique qui est réservé au reggae. Très peu d’émissions sont consacrées à cette musique dans les médias. Pour changer cette donne, l’artiste reggeaman dit avoir proposé à ses autres collègues qui se réclament de ce genre musical, de faire un sit-in devant les locaux des télévisions. «Même les transporteurs font un sit-in s’ils réclament quelque chose, idem pour les journalistes.

Je pense qu’il est temps, depuis 1960 jusqu’à nos jours, du temps où Bob Marley voulait venir au Sénégal, que les choses changent.

Lorsque Morgan était venu au Sénégal, il y a eu un engouement jamais connu. Mais le reggae n’a jamais su faire diffuser ses productions. Depuis deux ans, je discute avec mes collègues, mais c’est comme s’ils n’ont pas encore perçu mon message.

Il nous faut faire un sit-in devant la Rts, qui nous appartient à nous tous, pour dire que nous voulons qu’on nous consacre une émission reggae.

Le reggae c’est notre gagne-pain», déclame Mame J Rassoul. Selon l’artiste, le reggae doit avoir une place de choix dans la musique sénégalaise dans mesure où il y a des chanteurs de mbalax comme Youssou Ndour qui en ont usé pour en faire une production, l’album Dakar-Kingston, enregistré dans le studio de Bob Marley, rappelle Mame J Rassoul, qui cite d’autres chanteurs, comme Baba Maal, qui ont aussi introduit le reggae dans leur discographie.

L’artiste propose d’étendre ce sit-in dans les autres télévisions, à savoir Tfm et la 2 Stv.

lequotidien

Part.
Laisser Une Réponse

Exit mobile version