En 2021 la société s’émut et s’épouventa de l’horrible assassinat du bijoutier Ndongo Gueye, dont l’étrange dispaition avait susicté l’émoi à Pikine Tally Bou Maak. Retour sur un crime crapuleux au scénario particulièrement barbare. 

Une matinée ensoleillée marque ce dimanche 13 février 2021. Nous sommes vers les coups de 10 heures. De ce fait,   les habitants de Pikine Tally Bou Maak profitent encore pleinement du calme dominical.

Ndongo Guèye, commerçant très connu du  secteur, se tient devant chez lui.

Il manipule son téléphone durant quelques minutes, puis s’engouffre dans son véhicule. Direction Pikine Saf Bar. Ce dernier y a rendez- vous avec Bassirou Thiam ,bijoutier. Il y a lieu de noter  cependant que  les deux individus ont été mis en contact  par le biais d’une connaissance commune.

De ce fait, la confiance s’installe très vite.

 Et c’est ainsi que depuis deux ans, Ndongo Guèye approvisionne son collaborateur en bijoux. Ce dernier équipe sa boutique avec, et après la revente, paie par tranches moratoires la totalité de la valeur prêtée.   Cette fois-ci, il lui est remis des bijoux en or d’une   valeur de 14 millions de francs CFA.

M. Thiam donne, en premier lieu, une avance de 4 millions de francs CFA. Le reste de la somme  est payé  comme convenu par tranche. Le montant restant à présent s’élève à 6 millions  de francs CFA.

Pas de nouvelles de Ndongo

Bientôt 19 heures, pas de trace de Ndongo Guèye.

La femme de ce dernier est très inquiète. Cela fait maintenant des  heures qu’elle n’a pas eu de nouvelles de son mari. Elle note aussi que le  téléphone de ce dernier  n’a jamais aussi longtemps été sur boîte vocale.

Son inquiétude se répand progressivement dans toute la maison. Aucun membre de la famille n’a eu des nouvelles de Ndongo Gueye depuis le matin.

Du côté de la bijouterie aussi, il n’y est pas passé.

Aux environs de 22 heures, la tension  atteint un paroxysme.

Cependant, un détail sombre vient alourdir cette absence. En effet, le meilleur ami de Ndongo Guèye, après avoir eu vent de la situation, fait une révélation fracassante.

« Nous nous sommes parlés hier au téléphone.

Depuis, je n’ai plus eu  de ses nouvelles. Cependant, avant de raccrocher, il m’a affirmé qu’il ira réclamer le reste de son argent à Bassirou Thiam. La dette a tellement duré qu’il m’a certifié  avec une pointe de courroux et de détermination qu’il ne rentrera pas sans son dû. Au cas échéant, il reprendra  ses bijoux », relate-t-il. 

Son téléphone est toujours sur boîte vocale.

L’heure n’est plus à l’attentisme. Il faut faire quelque chose, et vite.

Bass Thiam est contacté sur le champ.

Au bout de quelques secondes, il décroche.

Son interlocuteur le met  au parfum de la situation. Il affirme avoir effectivement reçu le bijoutier  chez lui ce matin, puis ce dernier est reparti aussitôt qu’il lui a réglé son argent.

Mais où a bien pu passer Ndongo Guèye ?

Est-il victime d’une agression ?

A-t-il  eu un accident ?

Beaucoup de questions à la fois traversent l’esprit de chaque membre de sa famille.

La thèse de la disparition n’est pas envisageable pour le moment, mais si dans les prochaines heures  qui suivent Ndongo n’apparaît pas,  il serait question d’en faire part aux autorités compétentes. 

Lamine Guèye compose pour une dernière fois le numéro de son frère.

Toujours rien.

Bientôt minuit. Le doute cède la place à la consternation.  

Le meilleur ami du « disparu »  se dirige alors d’un pas décidé vers  le domicile de Bassirou Thiam.

Arrivé à bon port, il n’obtient pas de réponses après avoir toqué plusieurs fois à la porte. Celui-ci n’est visiblement pas  chez lui.

L’inquiétude fait place à la résignation. Il est arrivé quelque chose à Ndongo Gueye, pensent sérieusement ses proches.

La sonnette

Vers les coups d’une heure du matin, le commissariat de Guédiawaye accueille en catastrophe deux  individus très agités.  Lamine Guèye et l’ami intime de son frère.

Ceux-ci exposent la raison de leur venue.

La police de Guédiawaye n’a reçu aucune alerte concernant Ndongo Guèye. Par  ailleurs,   ils leur  suggèrent  de retourner voir Bassirou Thiam  afin de noter  sa réaction.  Si toutefois ils n’ont aucune nouvelle  d’ici le lendemain, ils n’auront qu’à  revenir le leur signaler.

Les deux individus  atterrissent  à la police Central. Le policier de garde prend les filiations du « disparu » et leur demande de revenir le lendemain pour que son téléphone soit localisé.

Ne voulant pas baisser les bras aussitôt, ils se dirigent vers la police de Pikine. Après avoir pris leur déposition, les policiers de garde leur suggèrent de creuser du côté de la police de Golf Sud.

Une fois là-bas, ils sont entendus et convoqués pour le lendemain.

Il est 2 heures du matin. Résignés et fatigués certes, les proches de Ndongo Guèye décident  alors de se rendre chez son collaborateur.

La  maisonnée de ce dernier  est soigneusement installée entre les bras de  Morphée. Mais cela n’arrête guère les visiteurs. Lamine Gueye, en tête  de file, fait retentir  avec véhémence la sonnette. 

Personne ne daigne ouvrir. Il insiste encore et encore, puis subitement la porte émet un cliquetis.

Ce n’est pas Bass qui ouvre la porte mais plutôt son colocataire. A moitié endormi, ce dernier ne comprend rien à ce qui se passe. Devant lui se tiennent  deux hommes visiblement très agacés et pressés.

Ils demandent  après le bijoutier, mais à ce qu’il paraît, celui-ci n’est pas sur les lieux.

Leurs suspicions s’accroissent . A leurs yeux, il n’est pas normal que Bass ne soit pas chez lui à pareille heure, alors même qu’ils recherchent leur frère.

Lamine Guèye s’introduit alors dans le hall de l’appartement, puis se dirige vers la chambre de  ce dernier. Il tambourine dessus d’une façon pour réveiller un mort.

Silence radio.

Le colocataire leur demande d’aller  au deuxième étage, appartement où résident les parents de Bass. Ces derniers pourraient éventuellement avoir de ses nouvelles.

La mère de Bassirou Thiam est réveillée.

Elle non plus ne  comprend pas, pourquoi à pareille heure, des individus se présentent chez elle, demandant après son fils. Elle prend néanmoins la peine de s’enquérir calmement  de la situation.

Après les avoir écouté religieusement, cette dernière les précède et se dirige vers l’appartement de son fils. 

D’après elle, Bass ne peut pas être absent.  Des heures plus tôt, celui-ci est venu lui demander  des médicaments, car disait-il des maux de tête l’avaient subitement gagné.

De retour au troisième étage, la matriarche frappe à son tour  à la porte, mais rien. Elle insiste encore et encore, toujours rien.

Cette fois, l’évidence  saute aux yeux. Bass Thiam n’est pas chez lui. I

Le duo décide alors de rentrer. La peur, l’inquiétude et le désarroi remplissent leur cœur.

Bass Thiam ne décroche plus son téléphone

Lundi 14 février, lendemain de la disparition soudaine de Ndongo Guèye, est un jour pas comme les autres pour ses proches.

24h sans nouvelles de lui. 

Quant à Bass Thiam, il ne décroche plus son téléphone.

Il est 8 heures passé de quelques minutes. Au même moment, la voiture de Lamine Guèye se gare lentement dans le parking de la police de Golf Sud.

 Ses  frères, quant à eux, se sont rendus  chez Bass Thiam. Arrivés sur les lieux, ce dernier se manifeste enfin.

Il explique à nouveau qu’effectivement leur frère est passé chez lui la veille vers 11 heures et quelques, mais n’y a  pas duré. Après lui avoir remis ses  6 millions de francs CFA,  il est parti. Cependant,  le bijoutier serait,  semble-t- il,  revenu sur ses pas vers 18h pour vérifier s’il n’avait pas oublié son téléphone sur place.

Ne l’ayant pas trouvé, il est de nouveau reparti.  

Les frères de Ndongo lui demandent alors d’une façon très cordiale de se joindre à eux afin de continuer les recherches. Bassirou Thiam accepte volontiers, et ensemble se dirigent cette fois-ci à l’hôpital «  Dalal Diam » pour vérifier du côté des urgences.

Là non plus, il n’y a pas de traces de Ndongo Guèye.   Lamine Gueye est contacté sur le champ. Retraçant le film de la disparition  de son petit frère devant les enquêteurs à ce moment-là, ce dernier demande à ses frères  de venir directement le rejoindre. Bassirou Thiam devait aussi impérativement  les suivre.

Devant les limiers, ce dernier donne sa version des faits.

Néanmoins, un fait attire l’attention. Bassirou Thiam soutient dur comme fer qu’il n’a pas quitté son domicile. Par ailleurs, il campe   sur cette assertion ; « je dormais à poings fermés»

Une terrifiante  découverte   

La sûreté urbaine reçoit un appel.

De l’autre côté du combiné, le commissaire de la police des parcelles assainies Unité 15.

Une découverte macabre a été faite  : un corps, enveloppé dans des sacs en plastique sur la banquette arrière d’une Toyota Auris de couleur grise. Le stationnement est notifié à hauteur de Cambérène 1,  plus précisément sur  la VDN 3.

Les éléments de la Sûreté Urbaine, sous les ordres du commissaire Bara Sangaré,  rappliquent alors  sur les lieux en même temps que la police technique et scientifique. La Division criminelle non plus, n’est pas en reste.

Il s’agit bel et bien d’un meurtre. Autre aspect à souligner,le corps semble avoir subi d’innombrables sévices.

De prime abord,  les enquêteurs notent que celui-ci est rigoureusement  bâillonné. Du coton est également retrouvé enfoui dans la bouche, les oreilles et  dans les narines de ce dernier.

Le visage est enflé et présente des tâches de rousseurs. Ses paupières quant à elles sont lourdement enflées.

La toile qui l’enveloppait a succombé sous le poids de la chaleur et a de ce fait anticipé la putréfaction du corps.

Les premiers résultats du constat tombent.

Le corps retrouvé, torturé et bâillonné est bien celui de Ndongo Guèye.

Le certificat de genre de mort stipule à cet effet que ce dernier   a fâcheusement  rendu l’âme après  « une asphyxie par strangulation mécanique adjointe d’une luxation du rachis cervical ».

La Sûreté urbaine apprend également par le biais de la police de Golf Sud que la victime avait été activement recherchée depuis pratiquement 72 heures.

L’enquête de la mort tragique de Ndongo Guèye en est ainsi à ses débuts.

Une « flexueuse »  enquête

La découverte du corps de Ndongo Guèye émeut  toute l’opinion publique.  Quant à ses  proches, ils sont partagés entre l’incompréhension et la consternation. Ils ne se remettront jamais  de cette horrible aventure.

Le commissariat des Parcelles assainies unité 15 a été mis au parfum par la grande sœur de ce dernier. En effet, celle-ci revenait de Sandaga et était à bord d’un taxi quand soudain, la voiture de son petit frère attira soudainement son attention.

N’y songeant pas à deux reprises, elle demande automatiquement au chauffeur de se garer. Il fallait à tout prix qu’elle vérifie  d’elle-même si toutefois la Toyota Auris  garée sur la voie droite de la Vdn 3 est bien celle du « disparu ».

Cette dernière est fortement heurtée sur l’aile gauche et semble avoir été percutée.

La grande sœur manque de s’évanouir en ouvrant la porte arrière du véhicule.  L’odeur de la mort la frappa en plein fouet. L’horreur lui  glaça  le sang quand elle souleva légèrement la partie de la  toile qui  semblait couvrir un visage. 

C’était bel et bien son petit frère. 

La police de Golf Sud après avoir eu vent de la découverte du corps de  ce dernier  considère dès lors Bassirou Thiam comme étant le principal suspect de ce crime crapuleux. Celui- ci est d’ailleurs en détention dans leurs locaux  depuis sa première interpellation.  Sa version des faits est quant à elle ponctuée  d’innombrables incohérences.  

Il est automatiquement placé entre les mains de la Sûreté urbaine. De ce fait les éléments du commissaire Bara Sangaré parviennent à retracer l’ensemble des déplacements du potentiel suspect en appliquant la réquisition sur son téléphone.

Il y est noté en premier lieu que dans la journée du dimanche 13 février, vers 13 heures, que le mis en cause était  à Golf, plus précisément à la plage de Malibu.

En second lieu, vers 14h, son téléphone a borné du côté du marché de Thiaroye.

L’enquête révèle en même temps que le suspect, un peu plus tard dans l’après-midi, s’est rendu derrière le stade Léopold Sédar Senghor, pour faire des cours de conduite en urgence avec la voiture de la victime.

En début de soirée, il aurait fait le tour de plusieurs pharmacies pour se procurer du coton. Peine perdue car d’habitude, le dimanche, la majeure partie de celles-ci sont  fermées. Ce détail est à noter pour la suite de l’enquête. 

Vers 3 heures du matin, la localisation de son téléphone indique qu’il était à hauteur de  Cambérène 1, sur la Vdn 3.

Il a foulé le seuil de son domicile vers les coups de 4 heures du matin. 

Ce trajet est plus que suspect aux yeux des enquêteurs. Et pourtant, la grande ironie est que le mis en cause soutient dur comme fer qu’il n’a, à aucun moment, quitté son domicile la veille.

Il est essentiel de se rappeler à ce stade, que lorsque les frères de la victime était chez Bass pour demander après leur frère,  la mère de ce dernier leur avait bien affirmé, que son fils ne pouvait en aucun cas être absent à pareille heure, pour la simple et bonne raison que des heures plus tôt il affirmait souffrir atrocement de maux de tête.

Cherchait-il un alibi ?  

“Aucun crime n’est parfait”

Après toutes ses révélations, Bassirou Thiam soutient toujours qu’il n’a absolument rien à voir avec cette sordide affaire.

Sa maison est immédiatement perquisitionnée.

A  partir de là, l’un des plus vieux adages se révèle une fois de plus exact : «  aucun crime n’est parfait ».

Un matelas maculé de sang, un oreiller découpé à la va vite sur le bord,  légèrement taché de sang et dont le coton a été extirpé,  le permis de conduire de la victime, ses clés de voiture, des habits tachés de sang, une pompe à gaz vidé de son contenu,  des tâches de sang  sur le sol de sa chambre , sont recensés par les éléments de la sûreté urbaine. 

Pièces à conviction qui témoignent sans équivoque de l’acharnement qui s’est abattu sur Ndongo Gueye.

Des  billets mauves empilés malencontreusement  dans un petit sachet blanc,  somme s’élevant à hauteur de 1 350 000 de Francs CFA,  sont aussi retrouvés dans la chambre du suspect.

Cependant, mis devant les faits, le suspect nie toujours les faits.

D’après lui, les taches de sang trouvées sur ses habits  et sur le pallier de sa chambre proviennent du mouton égorgé la veille, lors du baptême de son grand frère.

Allégation qui sera balayée d’un revers par les résultats des analyses de ce sang fournies par la police technique et scientifique.  Analyses qui stipulent incontestablement que c’est du sang humain qui a été prélevé.

N’oublions pas que les investigations menées sur les activités du mis en cause dans la journée du dimanche ont démontré que ce dernier était à la recherche de pharmacie , et cela pour acheter du coton.

Cette virée est maintenant prouvée par la découverte de l’oreiller sur lequel une très grande quantité de coton a été enlevée.

Des taches de sang représentent vaguement les doigts du suspect autour de la partie trouée.

La science tonna aussi sa plus grande vérité après l’analyse des morceaux de coton retrouvés sur le corps. Ils proviennent bel et bien de l’oreiller en question.

Quant à la pompe à gaz, Bassirou Thiam assure qu’il l’a ramassée lors du combat de lutte qui opposait Balla Gaye et Bombardier.

La contradiction de cette affirmation sera relevée cette fois-ci par la toile qui enveloppait la pompe à gaz.

Celle-ci sera retrouvée jetée sous son lit.

Le témoignage d’un particulier  s’ajoute à la liste des éléments incriminant Bassirou. Ce dernier à l’entame même de l’enquête préliminaire est entendu et déclare : « Je venais de récupérer  le  client qui m’attendait à l’aéroport Léopold Sédar Senghor.

En route, une Toyota  Auris de couleur grise m’a violemment heurté par derrière. Il m’a devancé par la suite et je l’ai poursuivi.

A vue d’œil, le chauffeur en question ne maîtrisait pas du tout  le code de la route. Il conduisait en divaguant. Je ne lui ai  pas laissé du lest tant et si bien qu’il finit par se garer au niveau des travaux de construction sur la vnd 3. Il  a ensuite disparu entre les ruelles sablonneuses. Il portait une capuche de couleur bleue.

Irrité, j’ai démonté la batterie du véhicule, les clés de voiture quant à elles n’étaient plus là. »

Après 96 heures  de garde à vue dans les locaux de la Sûreté  Urbaine, Bassirou Thiam, 35 ans, est présenté au Tribunal de Grande Instance de Pikine Guédiawaye. Dans son réquisitoire introductif, le procureur de la république, Amadou Seydi, vise les crimes d’assassinat avec actes de barbaries, ainsi que le vol. 

Sur la base de ces inculpations, le maître des poursuites a requis le mandat de dépôt contre le bourreau du bijoutier. Il bénéficie cependant d’un retour de parquet. De ce fait, Bassirou Thiam est placé entre les mains des limiers de la police de Guédiawaye. L’information judiciaire est alors confiée au doyen des juges Makha Barry.

« J’ai tué Ndongo »

Devant  tous ces éléments  accablants, le mis en cause a enfin le  courage de reconnaître cette forfaiture engendrée encore une fois de plus par le plus vieux mobile du monde : l’argent.

«  Dimanche vers 10 heures, Ndongo Guèye est venu chez moi.

Je lui avais pourtant demandé de me donner encore un petit délai, le temps de rassembler la somme totale que je lui devais. Mais devant moi se tenait ce jour-là un homme très remonté, qui n’entendait visiblement pas de bonne oreille ce que je lui disais. La tension est vite montée et tout est parti très vite.  Après m’avoir injurié, il a gagné en confiance et s’est furtivement retourné.

J’ai de ce fait usé de la pompe à gaz qui était en ma possession  pour l’étourdir.

Je l’ai étranglé par la suite. Je vous assure que s’il ne m’avait pas  attaqué en premier, je ne l’aurai jamais tué. Son corps recouvrait à présent le sol de ma chambre, et c’est là que l’idée m’est venue d’aller trouver toutes les choses nécessaires à la dissimulation du corps.  Après m’être  rendu au marché de Thiaroye pour acheter des sacs en plastique, je suis parti jeter son téléphone à la plage de Malibu.

Je n’ai jamais conduit de véhicule et il fallait pourtant faire disparaître toutes choses compromettantes.  J’ai donc jugé nécessaire de faire un  cours de conduite d’urgence avec sa voiture derrière le stade Léopold Sédar Senghor. Je devais trouver du coton, pour éviter tout écoulement de sang. Je n’ai malheureusement pas trouvé de pharmacie ouverte ce soir-là.

Une fois chez moi, j’ai troué mon oreiller pour en extraire du coton.

Je l’ai ensuite placé dans les narines, la bouche et les oreilles de Ndongo car du sang commençait déjà à couler. Vers 3 heures du matin, j’ai placé Ndongo à l’arrière de sa voiture, pour ensuite démarrer. Je n’avais pas de destination précise mais il fallait à coup sûr  cacher le corps. Je réfléchissais ardemment lorsque  j’ai percuté  le véhicule devant  moi.

Ses phares arrière étaient éteints et je ne l’ai pas vu de sitôt. Il ne devait absolument pas me rattraper… »

Ces aveux faits, Bassirou Thiam est inculpé puis placé sous mandat de dépôt pour assassinat avec actes de tortures, recel de cadavre et vol.

 Un « soutien de famille » s’en est allé

Feu Ndongo Guèye avait  35 ans. Il  devait se rendre le lendemain du jour de sa disparition à Dubaï. Les billets avaient été déjà achetés, le test du  Covid fait. Il faisait régulièrement ce voyage pour acheter de la marchandise, notamment des bijoux en or. Il les plaçait à gage entre les mains de ses collaborateurs qui, après la revente, lui remboursait la valeur des bijoux. Ce business était le travail de toute une vie.

Ce dernier était marié. Une magnifique petite fille est née de cette union. Le couple attendait d’ailleurs la venue d’un autre membre de la famille au moment des faits.

Lamine Gueye,  grand frère du défunt  témoigne : « Mon frère ne donnait jamais la main à une femme. Mis à part son sens d’écoute et sa gentillesse, il était pieux, oui très pieux je vous dis. Ses prières, il les faisait toujours à la mosquée, il jeûnait de surcroît tous les lundis et jeudis.

Il ne se disputait sous aucun prétexte  et  était le socle de la famille… Nous avons perdu non seulement notre  frère cadet, mais aussi  un confident. Il était d’une discrétion sans nom. Il a très tôt pris sa vie en main et ne ménageait jamais un effort pour apporter son aide… Bassirou Thiam a tué notre soutien de famille… »

«  La confidence noie la douleur ».

 Cette phrase de Mariama Bâ dans  Une si longue lettre  témoigne sans nulle équivoque la pesanteur de ce témoignage.

Ainsi, prend fin la triste affaire Ndongo Gueye.

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