GOUVERNER PAR DES SLOGANS N’EST QUE COMEDIE DE DEVELOPPEMENT POUR UN PAYS
Des indépendances à nos jours les régimes ont utilisé plusieurs slogans pour camper la marche à suivre sans réels résultats. Aujourd’hui, le Sénégal est devenu un pays où tout est urgence. Ces urgences multiformes sont issues pour la majorité d’une mal identification et d’une mal appréciation des besoins, d’une mal planification, d’une mal gestion, d’un manque d’anticipation et d’une vision stratégique artificieuse de nos dirigeants. Cela témoigne que gouverner par des slogans n’est que comédie au développement d’un pays.
La population sénégalaise souffre depuis un certain temps malgré qu’on nous est vendu le slogan de l’émergence et de l’autosuffisance alimentaire pour 2035. Ces souffrances pourtant réelles trouvent une justification simplice de nos dirigeants qui pour couvrir leur manquement se réfugient derrière la crise russo-ukrainienne. Ces manœuvres dilatoires affligent un quotidien au peuple des souffrances. Ces difficultés ont pour nom : une flambée des prix des denrées de première nécessité, un chômage endémique des jeunes, un système éducatif en lambeaux, un système de santé agonisante sans remède, une justice injuste à double vitesse sans repère, des inondations sans solutions, une cherté non maitrisée de la location annihilant les efforts du « gor-gorlou », une désacralisation et un affaissement des institutions provenant d’un dégout du comportement de nos dirigeants, une politisation à haute outrance des secteurs névralgiques du pays, une insécurité béante, une indiscipline des dirigeants (politiciens) qui inspire l’aversion, une priorisation à caser une clientèle politique. Bref tout est urgence, tout est cher au Sénégal comme l’atteste par ailleurs la réalité sur le terrain.
En effet, tous ces maux sont dus à un vice de conduite des affaires de la cité qui n’honore pas le citoyen d’une part et à une économie nationale tributaire de l’extérieur d’autre part. Le fait d’avoir une économie tributaire de l’extérieur expose le pays à la non maitrise de plusieurs facteurs et à sa régularisation. Ainsi, il faut admettre que nous sommes dans un monde interconnecté où tout soubresaut ailleurs affectera directement ou indirectement plusieurs pays surtout ceux faibles. A ce contexte géopolitique mondial, le Sénégal ne constitue pas l’exception ou l’oasis de la tranquillité. Mais lorsqu’un pays à un taux d’importation à plus de 90% de ses produits de première nécessité, mise sur des slogans creux et sur la manipulation de l’opinion par la publication des statistiques reluisantes pour maquiller la réalité du terrain, il va s’en dire qu’il aura une économie qui valdingue et c’est le cas du Sénégal actuellement qu’on le veuille ou pas.
Cet état de fait est la résultante soit d’un dérèglement de gestion soit d’un échec des politiques de développement soit d’une impuissance des gouvernants à innover et à imprimer une démarche salvatrice typiquement sénégalaise pour son émergence. Un des maillons faibles du Sénégal résiderait dans la ressource humaine : le recrutement et l’utilisation même de celle-ci: « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». La cause est due non pas par défaut de disponibilité de compétences mais par manque de courage politique.
Gouverner c’est prévoir, c’est aussi avoir un courage politique sans équivoque. C’est également bâtir une économie qui s’appuie plus sur l’utilisation du potentiel endogène du pays (ressources naturelles et ressources humaines de qualité) et surtout avoir la capacité de redistribuer les richesses aux ayant droit, la population.
Or, le Sénégal a l’insigne malheur d’être un pays gouverné par des slogans en lieu et place d’actions savamment réfléchies, utiles et matérialisées pour le peuple. Les dirigeants brillent par leur mimétisme à copier de l’extérieur des plans et des projets de développement inadaptés et couteux tant dans la conception car souvent réalisés par des cabinets internationaux alors l’expertise locale est là que dans leur mise en œuvre où on note un laxisme sans égard. Il faut aussi souligner une des tares de ces programmes et de ces projets est que le budget de fonctionnement occupe les 2/3 des fonds alloués. Comment donc réussir dans ces conditions?
Pire la politisation à haute outrance conduit nos gouvernants à un recasement de militants acquis à leur cause à des postes de responsabilité auxquels ils n’ont ni l’habilité, ni la technique, ni le vécu ni la science pour prévaloir produire des résultats satisfaisants. C’est simplement une arnaque.
Dans cette lancée de recaser des militants de parti ou coalition de parti, des institutions fantoches, budgétivores n’ayant aucun impact dans la vie des citoyens sont créés de toute azimut telle que : commission nationale du dialogue des territoires (CNDT), Haut conseil des collectivités territoriales (HTTC), Haut conseil du dialogue social (HCDS), Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? Quel impact ont ces institutions sur le quotidien du citoyen ? Aucun sinon être des goulots d’étranglement constituant une dispersion financière de nos maigres ressources.
Tout compte fait, asseoir le développement au Sénégal dénote d’abord (I) d’une véritable résolution et d’un courage politique personnelle et collective à primer la compétence en allant chercher loin de ses bases politiques ou parti la compétence nécessaire (au Sénégal ou dans la diaspora), (II) à mettre un modèle de développement typiquement sénégalais comptant sur nos forces et améliorant nos faiblesses par l’utilisation de l’expertise locale. Ensuite (III) en respectant le phasage et calendrier de la mise en œuvre, en corsant le suivi, le contrôle et l’évaluation à mi-chemin l’état d’avancement et à la fin de l’échéance afin de sanctionner sans complaisance les acteurs impliqués à la conduite des projets et programmes lancés par l’Etat. (IV) En veillant au strict contrôle de l’utilisation des ressources financières si les fonds alloués sont utilisés à bon escient, (VI) en (re)construisant le tissu industriel par la promotion des Très Petite Entreprise, des Petites et Moyennes Entreprises, des Petites et Moyennes Industries afin de valoriser la transformation des ressources naturelles existantes, (VII) en optant pour la consommation locale par la mise en place d’un cadre juridique protecteur et préférentiel qui définisse la réglementation et les normes pour être compétitifs. En fin (VIII) en redistribuant les richesses sur la population pour l’amélioration substantielle des conditions d’existence du peuple sénégalais.
Le Sénégal sera développé si et seulement si nos dirigeants fassent la promotion et le culte du travail en se l’appliquant d’abord et l’inculquer au peuple ensuite et d’arrêter avec les slogans creux.
Nicolas Silandibithe Bassène
xibaaru
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