Hommes d’esprit et de sciences, âme bienveillante, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, Khalife général des Mourides, est un être charmant en plus d’être un guide religieux charismatique. C’est Serigne Ahmadou Bamba Al-Khadim Mountakha Mbacké, son fils et quelques membres de son cercle proche, qui nous livrent, ici, une part de ce religieux multidimensionnel.

Quelles sont lourdes, les responsabilités qui pèsent sur lui ! Mais, elles ne semblent pas affecter la charmante bienveillance de celui dont le khalifat a été inauguré, le 10 janvier 2018, après le rappel à Dieu de Serigne Sidi Moukhtar Mbacké. Serigne Mountakha Bassirou Mbacké est auréolé de toutes les belles vertus d’un guide religieux. Pour ce fils de Serigne Bassirou Mbacké, le mieux pour un Mouride est d’arborer les habits de disciple et ne de jamais s’en séparer. C’est son fils, Serigne Ahmadou Bamba Al-Khadim Mountakha Mbacké qui livre, ici, une part de son illustre père. Trouvé chez lui, dans le quartier de Darou Miname, il impressionne par sa modestie. C’est à peine s’il dirige son regard sur son interlocuteur. Avec le sourire qui fait penser à son père, Serigne Ahmadou raconte son modèle avec joie et humilité.

Bonnet bien en évidence, la barbe blanchie, les phrases entrecoupées de sourires, le fils de l’actuel Khalife général des Mourides est tout aussi séduisant que son père. « C’est un amoureux du savoir. Malgré son âge, il continue de lire des livres », a-t-il dit, parlant de son père. Cependant, ce n’est pas ce qui l’impressionne le plus. « En effet, bien avant d’être Khalife, Serigne Mountakha donnait régulièrement le « hadiya » (don pieux) aux fils et petits-fils de Serigne Touba. Bien qu’il soit devenu Khalife général, il continue à le faire. Il a gardé les habits de disciple. Il a les mêmes habitudes qu’avant d’être Khalife », confie-t-il, admiratif.

Quand le sage convoque ses fils

En effet, malgré ses lourdes responsabilités, le sage de Darou Miname reste très attaché à l’humain. D’après son fils, « Serigne Mountakha a toujours mis l’humain au cœur de toutes ses actions. Il ne peut pas dire non à une sollicitation. C’est un homme généreux ».

Mais, ce qui impressionne le plus Serigne Ahmadou, à propos de son père, c’est sans nul doute son stoïcisme. D’après lui, il est très difficile de connaître les peines de Serigne Mountakha : « Il ne se plaint jamais. Les rares fois qu’il partage des choses, c’est avec ses enfants, et ce n’est pas pour se plaindre, mais pour leur apprendre la vie ».

En effet, malgré l’âge avancé de ses fils, il continue de leur rappeler certaines valeurs essentielles de l’existence terrestre. « Il arrive qu’il nous fasse venir pour un discours parfois très ferme. Pour lui, on ne transige pas avec l’orthodoxie. Il estime qu’on ne finit jamais d’apprendre. Il ne veut pas voir ses enfants être mêlés à des futilités. C’est pourquoi il continue d’être très ferme, malgré sa joie de vivre contagieuse », révèle le fils, fasciné par l’humanité de « Borom mbegté », surnom que lui a valu son sourire légendaire.

« Il n’a jamais porté de gris-gris »

Toujours attaché à la lecture du Coran, Serigne Mountakha Mbacké est quelqu’un qui ne s’intéresse guère aux mondanités, même si sa mise toujours soignée, peut faire penser le contraire. Selon les révélations de l’auteur du livre « Cheikh Ahmadou Bamba, le serviteur du Prophète (Psl) et le leader spirituel », c’est quelqu’un qui ne croit qu’en Dieu. Pour lui, rien ne compte, rien n’arrive à l’homme si ce n’est ce que le Seigneur a décidé de lui réserver. Par exemple, dit-il, « il n’a jamais porté de gris-gris, encore moins utilisé de potion magique. Même quand quelqu’un prie pour lui pour des mondanités, c’est à peine s’il lui accorde de l’importance ».

D’après « Le Soleil », le natif de Darou Kayel, près de Mboul, en 1933, est dans une quête perpétuelle du savoir. S’il est à l’aise dans le maniement de la langue arabe, c’est parce qu’il accorde une importance capitale à l’apprentissage. C’est ce qui l’a conduit en Mauritanie. Selon les confidences de son fils, après avoir fait ses classes chez les différents érudits du pays, il a demandé à son père, Serigne Bassirou Mbacké, l’autorisation d’aller poursuivre sa quête dans ce pays. L’objectif pour lui était de parfaire ses connaissances en grammaire arabe. Il y passe quelques mois avant de rentrer : « Au début, son père n’était pas très favorable. Mais, il a fini par le convaincre ».

Pour Mame Thierno Mbacké, son fils aîné, si Serigne Mountakha a une préoccupation principale, c’est bien la quête de connaissances utiles. Bien avant d’être Khalife, dit son fils, il avait créé des « daaras », lieux de transmission du savoir avec une prépondérance accordée aux sciences islamiques, l’exégèse (tafsir), la récitation (tajwid), la théologie, avec une pédagogie basée sur la mémorisation.

Coordonnateur du Comité d’organisation du Grand Magal de Touba, Serigne Ousmane Mbacké Gaïndé Fatma côtoie le Khalife depuis plusieurs années. C’est à peine s’il ne perd pas le verbe quand il s’agit de parler de Serigne Mountakha. « Ce qui est frappant avec le Khalife, c’est le respect qu’il accorde à l’humain, peu importe son statut social ». Mais, ce qui l’a le plus marqué, c’est le rapport du Khalife à l’orthodoxie. Sa chance, estime-t-il, c’est qu’il a fréquenté tous les derniers Khalifes de Serigne Touba et il était très proche d’eux. « Avec eux, il s’est toujours comporté comme un disciple et ils lui vouaient une très grande estime. C’est cette attitude de disciple dévoué qu’il a gardée malgré son accession au khalifat », confie-t-il, heureux de pouvoir partager des moments avec lui.

Cependant, d’après Serigne Ousmane Mbacké, tout ceci n’est qu’un retour à l’orthodoxie. En effet, rappelle-t-il, Serigne Touba avait réuni sa descendance pour leur rappeler qu’il ne s’agit pas d’être son fils pour prétendre avoir les grâces du Seigneur. « Il faut œuvrer pour le Seigneur. C’est la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba. Serigne Mountakha s’y est toujours inscrit. Quand il parle, il peut donner l’impression d’être un fanatique, mais c’est ce qu’il vit ; ce qu’il sent au quotidien », a-t-il insisté.

L’humain

Fidèle à l’orthodoxie, la « dahira » Hizbut Tarqiyyah accorde une priorité absolue à la quête du savoir. Une approche qui épouse bien la vision du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Selon Serigne Youssou Diop, responsable moral de Hizbut Tarqiyyah, depuis les années 1990, le charismatique guide religieux suit avec beaucoup d’intérêt leurs activités. « Il était toujours impressionné par ce qu’était en train de réaliser la « dahira ». Il n’hésitait pas à nous rendre visite régulièrement quand on était à la Sicap rue 10, même s’il le faisait dans l’anonymat. À Porokhane, c’est lui qui nous accueillait. On passait la nuit à réciter les panégyriques. Il dirigeait la prière de l’aube avant de belles causeries », se souvient Serigne Youssou Diop.

Pour lui, Serigne Mountakha Mbacké est membre de la « dahira » depuis très longtemps. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dit-il, il a amené son fils, Serigne Abo, pour en faire un membre à part entière, alors qu’il avait fini ses études coraniques. « C’est un passionné de savoir. Mais, ce qui est le plus impressionnant avec lui, c’est l’importance qu’il accorde à l’humain. Il ne s’attarde jamais sur les insuffisances d’une personne. Pour lui, tout être humain est un ensemble de valeurs, de bonnes choses à chérir. Les défauts n’ont pas d’importance. Et cela, quel que soit le statut social de la personne », renchérit le responsable moral de Hizbut Tarqiyyah.

Les éloges enthousiastes des proches de ce sage aimé de tous ne font que confirmer cette bienveillance qui a conquis les cœurs.

leral
Part.

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