« Pourquoi dormons-nous la nuit et pas le jour ? », nous demande un lecteur sur notre page Facebook. C’est notre question de la semaine.

« Pourquoi dormons-nous la nuit et pas le jour ? », nous demande Pascal Fokou sur notre page Facebook. C’est notre question de lecteur de la semaine. Merci à toutes et à tous pour votre participation. Pour y répondre, (re)découvrez ci-dessous un extrait de notre article « Comment les rythmes circadiens régulent notre santé », issu du mensuel de Sciences et Avenir-La Recherche n°922 daté décembre 2023.

Nous sommes soumis à des rythmes biologiques
Nos corps ont le sens du rythme. Des rythmes même, puisque presque tous nos organes sont dépendants d’horloges circadiennes, des mécanismes présents dans nos cellules et contrôlés par des gènes spécifiques fonctionnant sur des cycles d’environ 24 heures. Qu’il s’agisse de notre métabolisme, de nos systèmes immunitaire et cardiovasculaire ou encore de notre sommeil, toutes nos fonctions biologiques sont soumises à ces rythmes circadiens. (…)

Seulement, nos horloges internes, si elles ont des rythmes propres, sont également soumises à des facteurs extérieurs qui influencent ces mécanismes d’horlogerie biologiques.

Et c’est une bonne chose car l’horloge interne principale dans le cerveau, le chef d’orchestre de tous ces rythmes dans l’organisme, possède son propre « tempo » : 24 h 10 min en moyenne – il varie toutefois selon les individus entre 23h30 min et 24h30 min.

Nichée dans l’hypothalamus chez l’être humain, cette horloge principale est composée de deux noyaux suprachiasmatiques (NSC) d’environ 50.000 neurones chacun. Et dans chacune de ces cellules, le mécanisme d’horloge est constitué de gènes spécialisés, justement nommés « gènes de l’horloge ».

La lumière, principal agent régulateur de notre horloge biologique
Si ce chef d’orchestre était insensible aux facteurs extérieurs, il conduirait donc son porteur à se décaler toujours un peu plus chaque jour. Pour demeurer en phase avec l’environnement, l’horloge interne a donc besoin d’être resynchronisée en permanence.

Principal agent régulateur : la lumière, qui permet aux humains de rester en phase avec l’alternance jour/nuit de leur planète.

C’est le plus puissant des synchroniseurs, mais il en existe d’autres comme la température, l’activité physique ou le fait de se nourrir qui indiquent à nos différents organes, cœur, foie, poumons, muscles, etc., à quel moment de la journée ils se trouvent.

Les horloges périphériques situées dans les différentes parties de notre corps sont normalement menées à la baguette par le chef d’orchestre des NSC qui donne la mesure. Seulement, que se passe-t-il quand les différentes horloges n’agissent plus de concert et se trouvent désynchronisées ? Des troubles circadiens se mettent alors en place en quelques jours, perturbant le bel ordonnancement de l’organisme.

Quand exposition à la lumière et sommeil ne sont plus en phase
C’est ce qu’il se produit par exemple chez les travailleurs postés aux horaires atypiques. Le travail de nuit conduit à une désynchronisation de l’horloge biologique.

Exposition à la lumière et sommeil ne sont plus en phase. Pas plus que les moments où l’on se nourrit, ou ceux durant lesquels le corps est en mouvement. Bref, c’est la cacophonie, l’organisme ne sait plus quelle heure il est, avec des conséquences notables sur la santé.

Comment recaler nos horloges biologiques

Une bonne hygiène de vie devrait inclure une bonne hygiène circadienne. Se coucher à une heure raisonnable dans le noir et au calme. Respecter les cycles lumineux et ne pas abuser le soir des écrans d’ordinateur, de téléviseur ou de téléphone mobile. Attention également aux rythmes des prises alimentaires qui contribuent à synchroniser ou, au contraire, à perturber nos horloges.

Du côté pharmacologique, la mélatonine représente un enjeu clinique important et est actuellement recommandée dans les décalages horaires, certaines situations de travail de nuit, ainsi que dans des troubles autistiques ou du déficit de l’attention. D’autres molécules en développement ciblent la mécanique de l’horloge biologique et pourraient avoir un intérêt dans certains troubles circadiens.

Une expertise collective de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) concluait ainsi en 2016 que le travail de nuit est un facteur de risque probable de cancer.

Elle pointait également du doigt une altération des performances cognitives, une augmentation des risques de diabète de type 2, d’obésité et d’hypertension artérielle chez les plus de 3 millions de personnes qui travaillent occasionnellement ou régulièrement de nuit.

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