Ancienne directrice du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds) rattaché à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Fatima Fall Niang, nouvellement admise à faire valoir ses droits à la retraite, est une figure incontournable quand on parle de Saint-Louis et de son patrimoine, pour avoir joué un rôle capital dans l’inscription de la ville tricentenaire sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 2000.

«Le jour où l’information a été donnée, j’étais à Dakar avec l’ancien directeur du Crds, Abdoul Kadir Haidara. Quand je lui ai dit que Saint-Louis était sur la liste du Patrimoine mondial, il n’en croyait pas ses oreilles et je lui dis que ce n’est pas une blague, le quotidien national Le Soleil en avait fait ses choux gras», se souvient-elle.

Mme Niang se rappelle la synergie qui a prévalu à l’époque entre les acteurs culturels à Saint-Louis pour obtenir ce résultat.

«Il y avait entre les acteurs du tourisme et les autorités, une synergie mais aussi une complicité, et les gens se faisaient confiance dans le travail qui nous a pris deux ans. Mais cette inscription nous avait tous surpris», se remémore-t-elle.

Pour Fatima Fall Niang, cette surprise s’explique par l’omission du volet communication. «Il fallait sensibiliser les propriétaires des maisons anciennes, les autorités», explique-t-elle, reconnaissant avoir trouvé une oreille attentive auprès de l’ancien maire de Saint-Louis de 1984 à 2001, le défunt Abdoulaye Chimère Diaw (1922-2021).

Pour la conservatrice, ce ne sont pas tous les maires qui peuvent avoir cette sensibilité pour le patrimoine.

En 2016, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture avait menacé de retirer Saint-Louis de la liste du Patrimoine mondial après la destruction de maisons historiques. Le gouvernement de l’époque, notamment le ministre de la Culture Mbagnick Ndiaye, avait annoncé des mesures prises par les autorités pour remédier à cela.

Fatima Fall Niang pense que pour maintenir Saint-Louis sur cette liste, il faut se rapprocher des autorités et les sensibiliser, car, dit-elle, «parfois comme les propriétaires, elles aussi peuvent ignorer l’importance de ce patrimoine». «Beaucoup de travail a quand même été entamé depuis l’inscription, malheureusement à un mo­ment donné, cela s’est estompé ou bien complètement arrêté, ce sont toutes ces questions qu’il faut reprendre», indique-t-elle.

La passionnée du patrimoine a aussi participé au travail sur l’inscription du Ceebu Jën (riz au poisson) [plat national du Sénégal] sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en décembre 2021.

Elle a pris part à beaucoup d’activités pour sensibiliser les restaurateurs, les femmes, par rapport à l’utilisation nocive des bouillons, au type de riz, etc. Fatima et ses autres collègues ont aussi bénéficié de l’accompagnement des agents de la Saed, d’Africa Rice [Centre du riz pour l’Afrique], de l’Isra, des chercheurs de l’Ugb, etc.

Elle a co-écrit un livre intitulé Ceebu Jën -un patrimoine bien sénégalais, avec le professeur Alpha Amadou Sy. L’ouvrage a reçu le premier prix aux Gourmand Awards 2023 en Suède, dans la catégorie «Patrimoine immatériel-livres et magazines».

Destinée à ses débuts à l’enseignement
Sa présence dans la conservation du patrimoine est comme elle le dit, «un cheveu dans la soupe», car Fatima Fall Niang était destinée à ses débuts à l’enseignement qu’elle a exercé pendant deux ans au Lycée Diéry Fall à Bambey, en tant que professeure d’art sous l’encadrement du célèbre éducateur Ibrahima Fall.

Son entrée au Centre de recherche et de documentation du Sénégal a été possible à la faveur du départ à la retraite du Doyen Adama Sylla.

Elle ne cesse d’ailleurs de le remercier pour lui avoir signalé la vacance du poste, l’incitant à postuler parce que persuadé de ses capacités à exercer le métier de conservateur. A son arrivée, Fatima trouvera un terrain favorable et évoluera sous l’aile protectrice de l’ancien directeur Abdoul Kadir Haidara et du Dr Thilmans.

Des années plus tard, elle succédera à M. Haidara.

Elle reconnaît avoir beaucoup profité de l’entregent de ces derniers pour trouver des bourses de formation et se perfectionner dans ce métier. Ce qui lui a permis «de beaucoup voyager pour se renforcer». «J’ai beaucoup voyagé à travers le monde. J’ai fait presque quatre continents sur les cinq», révèle Fatima Fall Niang.

Elle a été aussi à l’origine du jumelage entre les communes de Saint-Louis et Douala Pre­mier au Cameroun.

Ces retrouvailles entre les deux communes autour de leur patrimoine ont été sanctionnées par des déplacements du maire de Saint-Louis au Came­roun et du maire de Douala Premier dans la Vieille ville. Fatima Fall Niang a ainsi exploré, à côté de la conservation, d’autres créneaux en s’essayant à la médiation culturelle, à la communication, au management appris à l’Institut sénégalais de management et à l’enseignement qu’elle continue à exercer à l’Ecole du patrimoine africain au Bénin.

Une retraite à l’Ecole du patrimoine africain du Bénin
C’est d’ailleurs au pays du Président Patrice Talon qu’elle continuera à faire valoir ses compétences, car elle a accepté un poste de conservatrice d’un musée d’art contemporain de Cotonou en 2023, après une première sollicitation repoussée en 2018.

«Je n’étais pas disponible, j’avais des engagements, le Crds était en chantier, il y avait beaucoup de choses à finir, il fallait chercher des ressources et les laisser sur place», souligne Mme Niang, soucieuse de la continuité au Crds. Selon elle, d’autres actions sont attendues cette année pour renforcer cette coopération. «Au-delà du Bénin et du Cameroun, je peux apporter ma contribution, mon expérience en Afrique et ailleurs, comme en France, en Allemagne, en Espagne.»

Aps

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3 commentaires

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