En banlieue dakaroise, nombre de parents n’ont pas les moyens pour faire vivre à leurs enfants, cette étape importante de la vie qu’est la circoncision. C’est pour avoir fait ce constat que des acteurs culturels, réunis au sein du mouvement Ensemble Pour Guédia­waye (Epg), ont décidé d’agir auprès des jeunes. En ce mois de septembre, ils ont pris l’initiative d’organiser un «leul», suivi d’une grande manifestation communément appelée Kas­sak.

«C’est la première édition, et 20 jeunes au total ont été sélectionnés dans les 5 communes du département de Guédiawaye pour intégrer le groupe de jeunes cir­concis. C’est une tradition ancestrale que beaucoup de jeunes ne connaissent pas. Et lorsque les parents ont été informés, beaucoup ont voulu faire circoncire leurs enfants. Mais les moyens qui font défaut, nous ont obligés à prendre 20 jeunes sur plus de 300 demandes», a laissé entendre Tamsir Ba, le président de la structure. Au cours des recensements, ces acteurs de la culture ont constaté que parfois, même des jeunes adultes ne sont pas encore passés par cette étape. Après une enquête approfondie, d’après M. Ba, ce sont souvent des jeunes qui sont orphelins de père ou de mère et qui n’ont personne pour leur faire subir cette tradition. «Pour d’autres, ce sont des jeunes qui ont un problème mental. Ils vivent avec leurs parents mais n’empêche, on les prend tous en charge.

Sans aucune stigmatisation, tout le monde est mis au même pied. Il y a des musulmans comme des chrétiens», renseigne le président d’Epg. Les jeunes circoncis, logés dans un local au niveau de la commune de Ndiarème Limamoulaye, ont bénéficié des enseignements de la part des salbés, notamment sur le respect dû à son prochain, à ses parents. «Tout cela aide les jeunes à avoir une autre mentalité après guérison. Et aujourd’hui, nous avons organisé ce kassak où ils ont dansé devant leurs parents pour démontrer encore une fois qu’ils sont devenus des hommes», explique M. Ba.

Un coût trop élevé pour certains ménages
Si dans certaines cultures, la circoncision n’a pas d’impact sur la vie de l’enfant, dans d’autres, elle est un passage obligé. Au Sénégal, les familles démunies doivent débourser 15 à 20 mille francs Cfa pour faire vivre cette étape à leur enfant. Durant le kassak organisé par Epg, beaucoup de parents se sont manifestés pour recueillir des informations auprès des organisateurs pour voir comment faire circoncire leurs rejetons. «Les moyens faisant défaut, nous sollicitons une aide pour faire circoncire nos enfants. A l’hôpital, le coût est de 15 à 20 mille francs Cfa. Pour une famille où la dépense quotidienne fait défaut, comment peut-on trouver cette somme pour faire circoncire les enfants ?», s’interroge Awa Sèye.

Cette dernière, qui a pris part à la cérémonie, a tenu à faire savoir que son fils, qui a presque 19 ans, n’est toujours pas passé par cette opération. «Son oncle vivant à Kaf­frine avait promis qu’il allait s’en occuper. Malheureu­sement, tel n’est pas le cas, et moi je n’ai pas les moyens», explique-t-elle. Cette maman est loin d’être la seule parente dans cette situation. Et tous ont interpellé l’Etat pour un renforcement des structures bénévoles qui puissent, chaque année, prendre le maximum de jeunes issus de la banlieue.
lequotidien

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