Quelque chose d’inédit s’est passé à Genève, au siège des Nations unies, lors du vote, par la 75ème Assemblée mondiale de la Santé (Ams), de la Résolution adoptant les stratégies mondiales du secteur de la santé contre le Vih, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles. Le Sénégal a voté contre la résolution. Il a été, avec la Libye, l’un de deux seuls pays à le faire. C’était le samedi 28 mai dernier.

Mais la chose la plus paradoxale a été que si la résolution a fini par être adoptée, c’est grâce au vote positif de 61 Etats membres, dont six pays africains. 30 autres pays se sont abstenus. La chose la plus notée a été la politique de la chaise vide appliquée par près de la moitié des pays, à savoir 90 Etats, dont les représentants n’ont pas voulu prendre part au vote.

Ce qui a inquiété ces nombreux Etats et hérissé les représentants du Sénégal et de la Libye, a été l’inclusion, dans la résolution, de références aux notions comme l’orientation sexuelle ou l’éducation sexuelle intégrale. Malgré plusieurs tours de négociations, un consensus n’a pu être trouvé, comme cela est souvent de règle. Or, on sait que ces notions sont souvent utilisées de manière de moins en moins subliminale, pour faire avancer les thèses chères aux mouvements Lgbt.

La subtilité de la manœuvre aura été d’associer ces références controversées à des questions de santé publique comme la lutte contre le Vih, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles. Difficile pour un Etat préoccupé par la santé de sa population de ne pas soutenir une résolution, de surcroit présentée par l’Organisation mondiale de la santé. Mais de nombreux pays n’ont pas voulu se laisser piéger et on a eu une résolution approuvée par une soixantaine de pays alors que 130 Etats environ ne s’y retrouvaient pas. Chose inhabituelle dans une Assemblée générale de l’Oms, il a fallu deux jours de négociations pour que la résolution soit finalement proposée au vote.

L’Arabie Saoudite, qui néanmoins s’est abstenue au moment du vote, avait mis l’accent sur les termes controversés dans la résolution et le glossaire joint en annexe. Il s’agissait entre autres, de «sexualité», «orientation sexuelle», «droits sexuels», ainsi que la référence aux «hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes» ou Msm en abrégé, parmi la population cible du traitement. Ce pays, comme bien d’autres, n’a pas accepté que soit indiqué que «pour assurer et garantir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et garantis».

Beaucoup de pays, même parmi ceux qui ont voté pour la résolution, se sont désolés que le document n’ait pu avoir l’approbation consensuelle des membres. Toutefois, la représentante américaine a estimé qu’il était nécessaire que le document et le guide technique sur l’éducation sexuelle, qui lui est adjoint, contiennent des termes faisant référence, sans équivoque, aux groupes à risques comme les Msm.

Mme Loyce Pace a déclaré : «Nous avons une stratégie portant sur des questions sanitaires mondiales d’importance capitale, mais cela à quel prix pour ceux que nous laissons derrière ? Les gays, lesbiennes, bisexuels, intersexués, transgenres et ceux dont le genre ne correspond aux gens autour de vous, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique vous voit et continuera à vous soutenir !»

Le représentant du Sénégal n’a rien dit de retentissant, mais son vote, lui, n’est pas resté silencieux. Surtout dans le contexte sénégalais où la question de l’homosexualité est toujours plus clivante.
lequotidien

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