Pour le lire, quelques secondes suffisent. Derrière cette apparence minimaliste du texte, se cache pourtant une grande exigence si on l’analyse sous l’angle de la composition. Haïku…

Du plafond, des lumières douchent tout l’espace. De la lumière jaune se reflète sur le carreau. Murmures sur les murs : échos de murmures dans la salle. De jour, donc pas de lune. Loin de la rue Tôrichô et du Japon. Au dix-septième siècle, il a pourtant suffi d’une rue, d’une idée de lune pour que Matsuo Bashô fasse ce poème : «Si belle la lune/spectacle valant mille pièces d’or/ à Tôrichô.»

Ce poème ? Ce Haïku !

On est quand même au Japon, puisque c’est à la résidence de l’ambassadeur de l’Empire du Soleil Levant que se tient la cérémonie. Et le maître du Haïku, Matsuo Bashô, n’a pas à être évoqué comme un mort. Ce type de poésie à qui il a consacré une bonne partie de son âme en fait un présent : au Sénégal on écrit comme lui. Et à la résidence de l’ambassadeur, on est venu primer des plumes sénégalaises, et d’ailleurs (Europe, Amérique, Asie), qui ont brossé du Bashô.

«Cette année, 394 poèmes ont été recensés dont 21 de provenance étrangère.

Des Sénégalais de toutes les tranches d’âge et de toutes les régions ont composé des poèmes sur des thèmes diversifiés.» Ainsi S.E. Izawa Osamu a-t-il exprimé son enthousiasme à l’entame de cette cérémonie couronnant le 36ème Concours Haïku.

Cette édition verra l’école Mariama Bâ sur le trône avec deux prix, accompagnée de Cheikh Anta qui a occupé un des espaces du podium Haïku de 2024.

C’est «Dans un tourbillon» où le «Vent murmure des secrets», avec la complicité d’une «Nature en écho», que Mlle Fatoumata Cissé de l’école des filles de Gorée a embarqué le jury. Elle l’a enchanté avec ce texte. Mouhammadou Mous­tapha Mbodj est arrivé en deuxième position et à la troisième place, Mlle Mayo Anne.

Les deux de Gorée sont en classe de troisième.

Elles semblent malgré cela avoir plus assimilé que les dizaines d’autres poètes participants, la structure cinq-sept-cinq syllabes sur trois vers du Haïku. Une structure d’écriture exigeante sans doute. Une manière de poétiser «qui allie des contraintes formelles et des contraintes thématiques». Alioune Diaw en fera la remarque, soulignant que «sur les 394 poèmes que nous avons reçus, seuls 83 répondent aux exigences».

«La brièveté et la perfection», «la simplicité et la profondeur» : ainsi se résume la philosophie structurant ce texte qui est «un vrai hymne à la vie» et qui «s’adresse à la sagesse intuitive du lecteur». M. Diaw, membre du jury, plaidera alors pour plus de vulgarisation du concours ainsi que des règles d’écriture.

Adama Diédhiou (Ucad), Séga Waly Diop (Ucad) recevront dans l’ordre les premier et second prix d’encouragement.

Des prix spéciaux pour la participation étrangère sont aussi distribués. La France arrive en tête avec Phillipe Floriot, suivie de la Belgique (avec Marie Derley) et du Canada (Montréal) représenté par Marie Dupuis. «Identité, convivialité, universalité, humanité !

Voilà des mots-clés qui peuvent aussi dire le sens du Haïku.» Le ministre de la Culture et du patrimoine historique, Alioune Sow, aura tout résumé avec cette phrase…

Lequotidien

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