Pendant la campagne électorale, il avait sorti un document présenté comme sa déclaration de patrimoine. On a compris après qu’il s’agissait plutôt d’une manœuvre qui visait à inciter son rival Amadou Ba, présenté comme un «fonctionnaire milliardaire», à publier lui aussi son patrimoine.

Il a fallu 3 mois après son installation au pouvoir, le 2 avril dernier, pour que le Conseil constitutionnel daigne publier enfin ce que les 7 Sages appellent une «Déclaration écrite du patrimoine du président de la République».

Il ressort dudit document que, «simple fonctionnaire» comme il est présenté par ses partisans, qui n’a pas officiellement affiché 20 ans de service dans la Fonction publique, le Président Diomaye Faye affiche un patrimoine déclaré que ne manquent pas d’envier des fonctionnaires blanchis sous le harnais, et même des chefs d’entreprises de taille moyenne.

Le Président indique sur sa déclaration, que son salaire mensuel s’élevait, en juillet, à 4 millions 859 mille 302 francs Cfa.

Il n’a pas précisé que cela devrait être, à cette date, ses émoluments de chef de l’Etat du Sénégal. Car en tant qu’inspecteur des impôts et domaines, son salaire de base devrait être, comme tous ses collègues, d’environ 300 mille francs Cfa.

Cela a été ainsi le cas jusqu’à ce que le Président Macky Sall, dans sa légendaire générosité avec l’argent public, ait décidé de doubler ces revenus et porter le salaire à 600 mille francs Cfa.

Beaucoup de fonctionnaires sénégalais n’ont pas de tels revenus.

Cela n’empêche que ces revenus gonflent chaque trimestre. On sait en effet que grâce à ce que l’on appelle «Fonds communs» dans le jargon des spécialistes, quelqu’un du même grade que Bassirou Diomaye Faye peut se retrouver à percevoir, en plus de son salaire, environ 10 millions de francs Cfa, auxquels il faut ajouter plus ou moins régulièrement, 500 mille francs de primes de recouvrement.

Au total, chaque année, avec ses revenus légaux, l’inspecteur des impôts Bassirou Diomaye Faye peut se retrouver, avant impôts, avec un pactole d’environ 50 millions de francs Cfa.

Mais cela lui donne-t-il les moyens d’acquérir son patrimoine foncier ?

Déjà, son domicile de Mermoz, à Dakar, acquis «sur attribution syndicale des impôts», comme il le dit : donc au même titre que la maison de son compère le Premier ministre Ousmane Sonko, à la Cité Keur Gorgui, ledit domicile disions-nous, est estimé par son propriétaire, à 274 millions 976 mille F Cfa, après estimation d’experts, avec ses constructions.

Et il ne s’agit pas que de cela.

Le chef de l’Etat déclare également 4 terrains non bâtis, dans les régions de Thiès et de Fatick, acquis par délibération ou par bail pour l’un d’entre eux. On peut prendre cette déclaration pour ce qu’elle vaut, en ne manquant pas de rappeler que dans sa première «déclaration» de campagne, il avait fait état de certaines acquisitions, qui ont été omises ici.

Il y a entre autres, le terrain qu’il avait vendu à son collègue Cheikh Diba, devenu depuis le ministre des Finances et du budget, pour plus de 25 millions de F Cfa. Sans oublier un autre terrain vendu à Almadies 2, cédé à un autre fonctionnaire, qui l’a payé cash.

Le Quotidien n’insiste pas ici sur les montants dont le chef d l’Etat revendique la possession.

Il n’est pas facile à ce niveau, de vérifier, sans accès à des documents officiels, au montant des 3 comptes bancaires que déclare posséder M. Faye. Et même si l’on est obligé de convenir que peu sont les fonctionnaires de l’Etat, de cette catégorie, qui ont la capacité de nourrir leurs familles et proches, de répondre aux nombreuses sollicitations des Sénégalais, et de mettre de côté plus de 25 millions de F Cfa dans 3 comptes bancaires différents.

Et de se permettre le luxe d’obtenir un prêt bancaire dont les échéances en cours dépassent les 30 millions de francs Cfa.

Le cas de Bassirou Diomaye Faye est intéressant, en ce sens qu’il s’agit ici d’un fonctionnaire, qui n’est pas un fonctionnaire de classe exceptionnelle, et qui n’a pas gravi des échelons à un rythme remarquable.

Donc il s’agit ici juste d’un fonctionnaire des impôts ordinaire. Et il n’a jamais été accusé de quelconque malversation dans le cadre de son travail. Ses ressources sont donc plus ou moins traçables.

Cela n’a pas empêché que pendant longtemps, les militants du parti Pastef, gonflés à bloc par leurs dirigeants, ont mené une campagne impitoyable à propos des milliards de Amadou Ba, en se basant sur son train de vie et sur les biens qui lui sont prêtés.

Or, Amadou Ba, qui est du même corps des fonctionnaires, est l’aîné de Diomaye et de Sonko aux Finances, de plus de dix ans.

Contrairement à ces derniers, il a été Dgid, c’est-à-dire leur chef direct, pendant plus de 6 ans, alors que les deux n’étaient même pas chefs de service. Il est ensuite devenu ministre des Finances, avant de gravir une «dernière marche» en devenant Premier ministre de Macky Sall.

S’il est naturel que Diomaye et Sonko puissent mener grand train en tant que fonctionnaires des Finances, pourquoi s’en prennent-ils à Amadou Ba, qui n’a eu le tort que de les avoir précédés à leurs postes ? D’ailleurs, parlant de postes et de patrimoine, Diomaye a assumé son rôle de chef et donné l’exemple. Quand est-ce que son Premier ministre Ousmane Sonko suivra-t-il son exemple ?

lequotidien

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