Dans le cadre des expositions In de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, ­l’artiste Soly Cissé a pris ses quartiers à la Galerie nationale. L’exposition, qui s’intitule «La légende», raconte au-delà de l’histoire personnelle de son auteur, celle des hommes au Sénégal. Les visiteurs ont jusqu’au 21 juin pour la voir.

Artiste aux talents protéiformes, Soly Cissé, âgé de 53 ans, dont les œuvres majestueuses sont actuellement accrochées sur les cimaises de la Galerie nationale d’art, constitue l’une des attractions de cet évènement majeur en Afrique dédié aux arts plastiques, au design et aux arts numériques. A travers 44 tableaux, de taille et de cadrage variés, tous en peinture acrylique ou à l’huile pastel et parfois avec du papier mâché, l’exposition intitulée «La légende» répond à un double aspect, racontant l’histoire intime de l’artiste au sein de sa famille, son rapport avec les jeunes, pour qui il constitue une source d’inspiration, et celle des hommes, a expliqué le commissaire de l’exposition «Carte blanche» de la Biennale de l’art contemporain, Massamba Mbaye.

Les œuvres présentes à la Galerie nationale sont un éloquent témoignage du talent d’un artiste confirmé, chez qui le traitement de la couleur est fort singulier, note Massamba Mbaye qui a commenté, samedi 21 mai, lors du vernissage, les toiles du peintre sénégalais, Soly Cissé. Diplômé de l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Dakar en 1996, dont il est sorti major de sa promotion, l’artiste est fasciné par les transparences, la lumière s’imposant sur l’obscurité et l’essence des couleurs. «Lorsqu’il peint, son pinceau révèle une scène, apporte la lumière sur une histoire et libère les personnages prisonniers du fond noir» écrit Massamba Mbaye, qui précise également que Soly Cissé s’illustre principalement dans la production de peintures acryliques. Soly refuse l’imitation et abhorre l’illustration. Chaque œuvre est création.

Chaque œuvre donne naissance à un nouveau monde, de nouvelles créatures. Un travail de la matière qui, avec ses personnages mi-humains mi-animaux, baigne dans un tourbillon de couleurs avec ­toujours un brin de lumière. «L’artiste visuel met en ­situation des humains en les transmutant chez l’animal», a estimé le commissaire. L’artiste épouse tous les registres de la métamorphose. En mettant en situation les ­identités animales, humaines et individuelles, observe M. Mbaye, «il transpose nos tares, nos affects, nos évolutions cachées dans le règne animal ou hybride, afin de nous renvoyer autrement à nous-mêmes».

Outre les hommes illustrés dans des tableaux comme «Corps sur corps», «Les sacrifices», «Le rendez-vous», «Les initiés», la nature est aussi présente sur les toiles de Soly Cissé. C’est d’ailleurs ce que révèle la thématique de son travail, qui «nous demande d’être meilleurs que ce que nous sommes. Il est dans une logique de dépassement de notre condition. C’est cela qui fait que son travail entre dans le légendaire», a précisé Massamba Mbaye. Pour le critique d’art, Soly Cissé a très tôt baigné dans l’art, préférant son pinceau à la blouse blanche que lui prédisait son père cardiologue. «Il n’était pas destiné à faire des arts visuels, son père voulait peut-être qu’il soit docteur comme lui. Il a refusé parce qu’il se sentait mieux dans l’expression picturale», a fait savoir M. Mbaye. Soly Cissé est un artiste reconnu dans le monde de l’art. Il voit aujourd’hui sa carrière «fulgurante» ­s’imposer progressivement sur la scène internationale par son travail.

Massamba Mbaye a souligné que l’artiste a entrepris un véritable travail ­charnel de la matière en réalisant ses œuvres à la brosse, au couteau et aussi à ­pleines mains. Ce mouvement, dit M. Mbaye, cette liberté dans le geste ­créatif se ressentent face aux toiles de l’artiste, laissant le regard du spectateur libre interpréter des chorégraphies de puissantes silhouettes ancrées dans des tourbillons de matière colorée.

lequotidien

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