Entré en vigueur le 9 septembre 2021 pour une durée de cinq ans, le Compact d’électricité du Millennium challenge corporation (MCC), important projet visant à sortir les zones rurales du noir, risque une « électrocution » à plus de 380 milliards de FCfa.

C’est la conséquence de la décision du nouveau gouvernement américain de geler l’aide financière qui soutenait jusque-là, au Sénégal, ce projet vital pour l’accès universel à l’électricité.

On y était presque… L’accès universel à l’électricité dont l’atteinte projetée initialement en 2025 est déjà compromise, mais même en 2026 voire 2027, plus de 12 millions de Sénégalais répartis sur l’étendue du territoire national risquent de demeurer dans le noir.

La décision du gouvernement américain de geler ses financements notamment au Sénégal entraine ainsi un contrecoup sur le secteur énergétique surtout sur les projets d’électrification engagés dans le cadre du Compact d’électricité du Millennium challenge corporation (MCC).

Pour rappel, le projet Sénégal Power Compact, signé le 10 décembre 2018 et entré en vigueur le 9 septembre 2021 pour une durée de cinq ans, est le deuxième programme dont bénéficie le gouvernement sénégalais de la part du MCC, une agence américaine indépendante d’aide au développement.

Le premier Compact, achevé en septembre 2015, avait investi 540 millions de dollars dans le secteur agricole, contribuant à élargir l’accès aux marchés et aux services, en construisant des routes et des réseaux d’irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal au nord, et dans la région de la Casamance naturelle au sud.

Constitué d’un don d’investissement de 302,5 milliards environ de la part des États-Unis d’Amérique et d’une contribution supplémentaire de 27,5 milliards (50 millions de dollars) francs CFA environ du gouvernement du Sénégal, le Compact électricité du MCC pour le Sénégal bénéficie d’un montant global d’environ 380 milliards de francs CFA. Rien que pour le volet Transport du projet, le montant total engagé à date est de 295,4 milliards de Fcfa (465 millions de dollars) et le montant total dépensé à date est de 157,5 milliards de Fcfa ($ 248.085.289,74), pour des bénéficiaires estimés à 4,6 mil- lions de personnes vivant à Dakar, Thiès et Diourbel .

Son objectif est de réduire la pauvreté au Sénégal à travers le renforcement du secteur de l’électricité, l’amélioration de la fiabilité, l’élargissement de l’accès à l’électricité, et l’appui au Gouvernement du Sénégal à établir un socle solide et moderne sur lequel le système de l’électricité du pays peut reposer pour se développer. Décomposée en trois composantes, la phase finale du projet a été lancée en juillet 2024.

UN PARTENARIAT ENERGETIQUE

Le partenariat stratégique entre les États-Unis et le Sénégal remonte à 1960, mais l’un des partenariats les plus importants de l’histoire des relations entre les deux pays réside dans leurs efforts communs d’étendre l’accès à l’électricité à des millions de Sénégalais.

Avec un investissement de plus de 300 milliards de Francs CFA des États-Unis et de 27 milliards Francs CFA du Gouvernement du Sénégal, le MCC Sénégal Power Compact marque un tournant important.

Entre le Projet de modernisation et le renforcement du réseau de transport de Senelec (Projet Transport) ; le Projet d’amélioration de l’accès à l’électricité dans les zones péri-urbaines et rurales (Projet Accès) ; et le Projet de cadre propice et de renforcement des capacités des acteurs (Projet Réforme), concourant simultanément à lever les contraintes de coût élevé de l’électricité, de faible accès en dehors de Dakar et de qualité du service, le Sénégal Power Compact, volet énergie du Millenium Challenge Corporation (MCC), devait à terme bénéficier à plus de 12 millions de personnes sur l’étendue du territoire national.

DES REFORMES ET DES INVESTISSEMENTS

67% du budget du projet soit 403 millions de dollars (256 milliards de Fcfa) est destiné au volet Transport qui vise à moderniser le système de transport de l’électricité. Un vrai challenge quand on sait que les déperditions et autres pertes dans la fourniture de l’énergie électrique étaient principalement du fait d’un réseau de transport vétuste, entre autres agressions des câbles électriques et retard d’investissement sur les réseaux qui représentent les « autoroutes de l’électricité ».

Le volet transport qui comprend la construction d’environ 30 km de ligne de transport souterrain de 225 KV, 16 km de câbles sous-marin de 225 KV, deux postes 225 KV à Bel Air et au Cap des Biche, vise à soutenir les efforts de Senelec en cours pour développer un réseau de transport à haute tension fiable dans Dakar et ses environs, représentant environ 60 % de la demande d’électricité du pays et 20 % de sa population.

Cela est d’autant plus important que le secteur privé s’intéresse essentiellement aux nouveaux projets de production à faible coût, notamment l’énergie éolienne, l’énergie solaire et le gaz naturel, qui dépendent largement d’un réseau de transport fiable et stable.

Le problème de la capacité de production ne se posant plus grâce à la stratégie du mix, le renforcement des réseaux de transport afin d’absorber les capacités de production additionnelles, ainsi que la densification du réseau dans les zones rurales, sont devenus des priorités pour SENELEC.

Dans son volet Accès à l’électricité en zones rurales et périurbaines, l’objectif est d’augmenter l’offre et la demande en électricité de qualité.

Outre l’extension du réseau électrique dans des zones sélectionnées des régions du sud et du centre du Sénégal, le « Projet Accès » vise également à accroître les taux d’accès et de consommation d’électricité, à faciliter les possibilités d’activités génératrices de revenus dans ces régions et à améliorer la compréhension de l’efficacité énergétique.

11% du budget soit 63,2 millions de dollars (40 milliards de Fcfa) est destiné à ce volet qui devrait bénéficier à plusieurs ménages des 5 régions que sont Fatick, Kaolack, Kolda, Sédhiou et Tambacounda soit directement 181 000 personnes.

Quant au volet « Réforme » aspect fondamental du projet, il  vise l’amélioration du cadre légal et au renforcement de capacités des acteurs du secteur de l’électricité, bref, à créer un cadre propice à l’amélioration de la  viabilité financière et à la bonne gouvernance du secteur pour une fourniture de l’électricité en quantité et en qualité.

Il est question de renforcer les lois, politiques et réglementations régissant le secteur de l’électricité au Sénégal, ainsi que les institutions responsables de leur mise en œuvre, en particulier l’opérateur Senelec, le régulateur Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE), et le ministère en charge de l’Energie.

Par le biais d’une feuille de route, le gouvernement sénégalais a formulé une vision à long terme pour le secteur de l’électricité, dont les principales caractéristiques comprennent une réorganisation opérationnelle du secteur. Ladite réorganisation permet à Senelec de devenir une société holding publique avec des filiales dédiées à chaque activité.

Elle favorise aussi une réorganisation des ventes et du système hors réseau, un environnement plus favorable à la participation du secteur privé en matière de production, de transport, de distribution et de ventes.

C’est dans ce cadre qu’un Code de l’électricité a fait l’objet de la loi n°2021-31 du 09 juillet 2021 ainsi que la Commission de régulation du secteur de l’énergie qui, à travers la loi n°2021-32 portant création, organisation et attributions de la Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE), a vu le champ de compétences de l’autorité de régulation étendu à l’aval des hydrocarbures et à l’intermédiaire et aval gaziers.

Le coût de ce volet « Réforme » dont la mise en œuvre est prévue pour une durée de 5 ans est évalué à 46,9 millions Dollars US (30 milliards de Fcfa) et devrait bénéficier sur 20 ans maximum, à 12,6 millions de personnes sur toute l’étendue du pays.

S’il subsiste encore des disparités entre le taux d’accès à l’électricité pour les populations urbanisées (94 %) et rurales (60 %), depuis 2019, le taux national d’accès à l’électricité est évalué à 84 %, plaçant de fait le pays dans le trio de tête des États les mieux électrifiés de la CEDEAO, à la faveur des investissements importants et une stratégie du mix énergétique payante.

Le Sénégal progresse vers l’accès universel à l’énergie, sauf que plus de 30 % des communautés rurales restent déconnectées du réseau. On y était presque….

sudquotidien

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