Consommer de l’alcool n’est jamais anodin. À court comme à long terme, sa consommation peut entraîner des conséquences désastreuses sur notre santé, comme le rappelle la Haute autorité de santé.

L’alcool est fortement ancré dans notre culture et dans nos traditions. C’est « la substance psychoactive la plus consommée en France. La consommation d’alcool concerne 87 % des personnes âgées de 18 à 75 ans », alerte la Haute autorité de santé (HAS), qui a publié en octobre 2023 un guide à destination des professionnels de santé concernés pour mieux détecter et limiter les risques de la consommation d’alcool au sein de la population.

Selon l’instance, « en France, parler des risques associés à son usage reste difficile, voire tabou » (source 1). Pourtant, les risques sont nombreux : « Quelles qu’en soient les modalités d’usage, l’alcool comporte des risques, pour soi-même et pour son entourage, et peut entraîner des complications affectant toutes les dimensions de la vie », rappelle la HAS. La Dre Catherine Simon, addictologue, décrypte pour nous les effets de l’alcool sur notre organisme.

1. Nous sommes inégaux face à l’alcool
Le taux d’alcool dans le sang dépend de la quantité consommée, de la vitesse de consommation et du fait d’avoir ou non mangé, mais aussi de la corpulence, du sexe, de l’âge et de la génétique.

« À consommation égale, l’alcoolémie s’élève davantage chez une femme que chez un homme de même poids, du fait d’une masse musculaire moins importante », explique la Dre Catherine Simon. La musculature diminuant au fil des ans, c’est pareil pour les personnes âgées.

2. L’alcool désinhibe
Absorbée telle quelle au niveau de l’intestin grêle, la petite molécule d’alcool passe vite dans le sang et se diffuse dans tout l’organisme. Notamment dans le cerveau, dont il modifie le fonctionnement.

Après avoir bu, on observe la libération de dopamine et d’endorphines qui procurent excitation et euphorie, et une action sur la sérotonine, sorte de modérateur des comportements, selon notre experte.

En agissant sur l’humeur et les émotions ainsi que sur la capacité de jugement, ces bouleversements peuvent conduire à une sensation d’euphorie, ou rendre triste, et favorisent les prises de risques.

3. L’alcool modifie nos sens
En dérégulant les échanges entre les neurones, l’alcool augmente le temps de réaction – d’une seconde sans alcool, le temps de réaction moyen passe à 1,5 s avec une alcoolémie de 0,5 g par l – et diminue les réflexes, la vigilance et la résistance à la fatigue.

L’alcool perturbe la vision, l’estimation des distances et la coordination des mouvements. De plus, son effet désinhibant amène à sous-estimer les dangers.

Ainsi, au volant, le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par huit. Selon la Haute autorité de santé, « l’alcool est impliqué dans 30 % des accidents mortels de la route » (source 1).

4. L’alcool est nocif pour le cerveau
Que ce soit chez l’adolescent ou l’adulte, la consommation d’alcool a des effets délétères sur le cerveau.

L’ivresse chez l’ado endommage son cerveau
« Jusqu’à 25 ans, le cerveau continue sa maturation, détaille l’experte. L’imagerie médicale a permis d’observer qu’une consommation excessive répétée avant cet âge peut laisser des traces neurobiologiques dans certaines zones du cerveau, le cortex et l’hippocampe, qui ont pour répercussion des troubles de l’apprentissage et de la mémorisation. »

Les « bitures express » (le binge drinking) sont donc néfastes non seulement dans l’immédiat (coma éthylique…), mais aussi sur le long terme, puisqu’elles altèrent de manière irréversible les capacités de mémoire, de concentration et d’analyse.

Selon la Haute autorité de santé, « La consommation d’alcool concerne 77 % des jeunes de 17 ans, près de la moitié d’entre eux pratiquant l’alcoolisation ponctuelle importante ou binge drinking ».

Selon une étude britannique portant sur 25 000 personnes, publiée en mai 2021, toute quantité de consommation d’alcool serait nocive pour le cerveau. Précisément, même une consommation d’alcool modérée est liée à une densité de matière grise plus faible.

Les chercheurs ont constaté que plus la consommation d’alcool était élevée et plus le volume cérébral est faible.

« Il n’y a pas de seuil de consommation d’alcool – tout alcool est pire. La quasi-totalité du cerveau semble être affectée – pas seulement des zones spécifiques, comme on le pensait auparavant », a expliqué l’auteure principale, Anya Topiwala, maître de conférences clinique à l’Université d’Oxford (source 2).

5. On peut être dépendant sans boire tous les jours
On parle alors de dépendance psychologique. « C’est le cas des personnes qui boivent systématiquement dans certaines situations pour se détendre, s’euphoriser ou se booster, explique la Dre Simon. Lorsqu’on ne peut plus se passer de boire dans ces situations, on est alcoolodépendant. »

Outre la souffrance psychologique que cette dépendance engendre, le risque est de consommer de plus en plus et de tomber dans la dépendance physique. Ce seuil varie selon les individus. La dépendance physique se manifeste notamment par des signes de manque à l’arrêt ou à la diminution de la consommation.

6. L’alcool est une drogue dure
Généré par la production de dopamine, le plaisir suscité par l’alcoolisation incite à consommer toujours davantage. « Or, dès que la consommation devient fréquente et importante, les cellules réorganisent leur fonctionnement, continue le Dr Simon. Si on arrête de boire, plus rien ne marche. »

Outre un mal-être et un désir impérieux de consommer, on observe des sueurs, des tremblements matinaux, des troubles du sommeil, de l’irritabilité… Le sevrage est difficile. Et, comme tout reste inscrit dans la mémoire, une seule goutte d’alcool peut refaire plonger après une période d’abstinence.

7. L’alcool amplifie les difficultés digestives
L’alcool est un irritant qui fragilise les muqueuses, en particulier digestives, ORL et buccales avec lesquelles il est en contact direct. En agissant sur le clapet situé entre l’estomac et l’œsophage, il favorise le reflux gastrique. Il peut entraîner des brûlures d’estomac, des douleurs abdominales.

8. Un risque augmenté dans le temps d’hypertension, de cancer…
C’est entre 40 et 60 ans qu’on paie les abus ! Les conséquences d’une consommation d’alcool supérieure aux limites recommandées se manifestent en effet dans le temps, prévient la Dre Simon. Cela favorise notamment l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie.

L’alcool favoriserait 11 différents types de cancer
La consommation d’alcool est aussi un facteur de risque reconnu de nombreux cancers. Surtout si on y associe le tabac. Ce que confirme une vaste étude, en 2021 dans la revue Nature Communications, qui a comparé les résultats de 860 méta-analyses menées au sujet de l’alimentation, de la consommation d’alcool et des taux de cancer.

L’alcool est un facteur de risque majeur pour 11 cancers, et pourrait notamment augmenter le risque de cancer colorectal, du foie, du sein, de l’œsophage, mais aussi de la tête et du cou.

9. L’alcool fait grossir
L’alcool pur est très énergétique : 7 calories par gramme contre 4 pour le sucre. Et comme il est souvent ingéré avec des boissons contenant du sucre, c’est double peine pour la silhouette. L’organisme utilisant d’abord l’énergie venant des glucides pour fonctionner, l’énergie issue de l’alcool est stockée sous forme de graisse, notamment autour de l’abdomen.

10. L’alcool peut favoriser le désir, pas la performance
En désinhibant, l’alcool peut favoriser l’excitation, chez l’homme comme chez la femme. Mais, quand il s’agit de passer à l’acte amoureux, il semble avoir un effet perturbateur.

Les différentes études menées sur le sujet mettent en évidence des difficultés à maintenir l’érection chez l’homme, et à parvenir au plaisir pour les deux partenaires.

santemagazine

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