L’écrivain sénégalais, Bou­bacar Boris Diop, a invité mercredi ses confrères à apporter une parole «réfléchie» et «nuancée» face à la tension politique au Sénégal née du processus devant mener aux élections législatives du 31 juillet. «Il faut qu’ils (les écrivains sénégalais) parlent en tant qu’écrivains, qu’ils soient au-dessus de la mêlée. En tant qu’homme de bonne volonté, mais pas en tant que partisan», a dit Boubacar Boris Diop.

Il intervenait lors du panel Littérature et conflit organisé dans le cadre de la première édition du Festival international de littérature de Dakar (du 29 juin au 2 juillet). Constatant que les écrivains «font comme si cela ne les regardait pas ou disent des généralités très prudentes», l’auteur de l’ouvrage Murambi, le livre des ossements estime qu’un écrivain «doit accepter de se mouiller». Pour M. Diop, ils doivent apporter «une parole réfléchie, nuancée et courageuse».

«On ne demande pas d’être pour un tel ou contre un tel, au contraire, il faut même oser être contre tout le monde si on pense que c’est cela qui est mieux. L’importance, c’est l’authenticité, la sincérité», a-t-il dit. Boubacar Boris Diop souligne que l’écrivain a le devoir de se positionner face aux conflits, estimant que la parole ne devrait pas être le monopole des hommes politi­ques. «L’écrivain a le devoir de se positionner face aux conflits. Mon idée, c’est qu’on n’a pas le droit de dire : «Ah ! Cela ne me regarde pas.» C’est ce que les gens appellent l’art pour l’art», a-t-il dit. C’est comme dire : «J’ai écrit mon livre, voilà, lisez-le, je n’ai plus rien à dire», ajoute-t-il.

A côté d’autres écrivains africains et occidentaux tels que le Togolais Sami Tchak ou encore Chab Touré du Mali, il estime que la mission de positionnement de l’écrivain déborde le texte. «Non seulement on se positionne dans ses textes, mais aussi on prend position en tant que citoyen. Quand la société est interpellée, on ne se dit pas moi je suis écrivain, cela ne me regarde pas, je laisse les hommes politiques parler», affirme Boris Diop. «On ne peut pas laisser le monopole de la parole aux hommes politiques, aux hommes d’affaires, aux différents agents d’influences. L’écrivain doit avoir l’ambition d’agir sur les situations qui interpellent sa société», fait valoir le lauréat du Prix international de littérature Neustadt 2022. Le Festival international de littérature de Dakar, initié par l’écrivain et éditeur sénégalais, Abdoulaye Fodé Dione, se veut an­nuel. Pour le directeur de Cabinet du ministre de la Culture et de la communication, Demba Faye, ce festival honore le Sénégal et réhausse l’image du pays. Il estime que le thème, «Littérature et conflit», est «d’actualité».
Aps

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