Le Collège d’enseignement moyen (Cem) du village de Thionk Essyl en Casamance figure cette année, sur la liste des 20 sites sélectionnés pour le Prix d’architecture de la Fondation Agha Khan. Construit en matériaux durables et conçu par des architectes espagnols, le Collège de Kamanar se distingue déjà par son originalité architecturale.

C’est durant un séjour en Casamance qu’une architecte espagnole se rend compte que les élèves du village de Thionk Essyl souffrent dans leurs salles de classe surpeuplées. La Foundawtion entre en action. En 2016, une entente est conclue avec la commune pour l’édification d’un nouveau collège de 21 salles de classe simples, une salle double pour la bibliothèque et une autre pour les activités extrascolaires, ainsi que des toilettes, des vestiaires et un autre bâtiment à usage administratif. L’ensem­ble est fermé par une clôture d’enceinte qui délimite les près de 2 hectares de terrain du collège. Aujourd’hui achevé, le Cem de Kamanar est un joyau architectural unique avec son style emprunté directement à la technique de la voûte catalane.

Ce n’est donc pas une surprise si le projet figure sur la liste des 20 projets sélectionnés pour le Prix Agha Khan de l’architecture (Akaa) du cycle 2020-2022. L’ouvrage, conçu par les architectes, David Garcia et Aina Tugores, figure sur une liste de 20 sites de 16 pays au monde de l’Indonésie au Cap-Vert. «Tous les trois ans, le Prix d’architecture Agha Khan (Akaa) est remis à des projets qui ont su établir de nouveaux standards d’excellence en matière d’architecture, d’aménagement urbain ou paysager, et de préservation de sites historiques», explique la Fondation Agha Khan en rendant publics ses choix de cette année.

Un concept original
Le Cem de Kamanar doit son originalité au concept qui a prévalu dans l’agencement des salles, dans le choix des matériaux et du style, entre autres. «Les salles de chaque classe sont articulées autour de l’emplacement d’origine d’un arbre. Le matériau principal pour la construction des voûtes provenait du même terrain et son extraction a servi à créer des installations sportives pour la pratique du football, du basket et de l’athlétisme, ainsi qu’un jardin potager pour les élèves», informe le studio d’architecture Dawoffice, qui a assuré la conception de ce projet géré par Foundawtion, une fondation à but non lucratif qui a vu le jour pour permettre la réalisation de projets à caractère bénévole, liés à l’architecture et à l’éducation. Sur cette liste de l’Akaa, figurent 19 autres sites dont ces maisons durables cons­truites par l’architecte nigérienne, Mariam Kamara, à Niamey, mais aussi le Centre d’apprentissage Lanka au Sri Lanka.
Ces 20 projets ont été choisis par un Jury indépendant sur les 463 projets nominés pour ce 15e cycle du prix. Parmi les membres du comité directeur chargé de nommer un Grand jury indépendant qui, à son tour, nommera les lauréats du Prix parmi les projets présélectionnés, figure le philosophe sénégalais, Souleymane Bachir Diagne, actuel directeur de l’Institut des études africaines de l’Université Columbia aux Etats-Unis. Au terme du processus, ils pourront remporter une part du prix d’un million de dollars, l’un des plus importants dans le domaine de l’architecture. Pour le précèdent cycle déjà, l’Unité d’enseignement et de recherche de l’université Alioune Diop de Bambey avait été primée.

Moins de 300 millions de budget
Sur les images et vidéos du Cem de Kamanar, les élèves, vêtus de leurs tenues rouges, semblent trouver leurs aises dans ce cadre enchanteur. Les voûtes hautes, le choix du matériel naturel et l’agencement des salles font que l’air y circule aisément et que les bâtiments conservent une température intérieure fort agréable. En effet, les architectes se sont notamment appuyés sur deux éléments prioritaires : confort climatique et faible coût de production. 400 mille euros au total pour la construction de ce collège, soit moins de 300 millions de francs Cfa. L’argile, un matériau abondant et disponible gratuitement sur place, a été utilisée et la carrière de laquelle elle a été extraite, est par la suite devenue le terrain de sport de l’établissement. Autre innovation de taille dans ce projet, la Foundawtion a essentiellement travaillé avec les populations locales suivant un principe : «Faisons école», à savoir construire une école qui, à son tour, servirait d’école pour les maçons, menuisiers, électriciens, plombiers et autres professionnels impliqués dans le projet.  Et en quatre ans, 164 personnes de la communauté ont participé au projet.

Fidèle à son concept, le mobilier de l’école, les tables bancs pour les élèves, les portes et les structures en bois ont été fabriqués sur place par des ouvriers locaux encadrés par des artisans espagnols. Dans une vidéo de partage, les jeunes élèves du nouveau Cem ne cachent pas leur joie d’évoluer dans un cadre aussi bien intégré à l’environnement local. En plus d’une température intérieure idéale, les bâtiments spacieux et aérés relèguent dans les souvenirs, les conditions de travail d’avant, marquées par la promiscuité et la chaleur.
Lancé en 1977 par Son Altesse l’Aga Khan, le Prix d’architecture cherche à identifier et encourager les concepts de construction qui répondent avec succès, aux besoins et aspirations des communautés dans lesquelles les musulmans ont une présence significative. Depuis son lancement, 121 projets ont reçu le prix et près de 10 000 projets de construction ont été documentés.

lequotidien

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