Une revue regroupant toutes les études sur le sujet montre par exemple que le cycle biologique du sommeil commence plus tôt chez les femmes.

Les femmes et les hommes sont égaux, mais ce n’est pour autant qu’ils devraient aller se coucher à la même heure. Nous pouvons tous être confrontés à des troubles du sommeil, mais leurs causes ne sont pas forcément les mêmes en fonction de notre sexe.

Les femmes déclarent davantage de fluctuations dans leur sommeil durant le mois
Des médecins des universités de Stanford et Harvard (États-Unis) et Southampton (Royaume-Uni) ont répertorié toutes les études qui analysent les différences entre les hommes et les femmes par rapport au sommeil.

Leurs conclusions, publiées dans une revue le 21 mars 2024 dans le journal Sleep Medicine Reviews, mettent en évidence des divergences dans leurs rythmes biologiques et dans les causes à l’origine de leurs difficultés pour bien dormir.

« Reconnaître et comprendre les différences liées au sexe dans le sommeil et les rythmes circadiens est essentiel pour affiner les stratégies de traitement des troubles du sommeil et les problèmes de santé mentale qu’y sont associés », explique dans un communiqué la spécialiste du sommeil et des rythmes circadiens de l’Université de Southampton, Sarah L. Chellappa, auteure de la revue.

Voici les principales trouvailles de leur analyse.

En général, les femmes jugent que leur sommeil est de moins bonne qualité que les hommes. Ceci pourrait être lié à leur plus grande probabilité de développer des troubles anxieux (qui affectent les femmes deux fois plus que les hommes selon l’Inserm) susceptibles d’affecter le sommeil.

Le sommeil non paradoxal est plus long chez les femmes
Une autre cause pourrait être les variations hormonales causées par les règles : les femmes déclarent davantage de problèmes pour dormir (insomnie, réveils nocturnes, cauchemars…) durant les premiers jours de leur menstruation et la semaine qui les précède, par rapport au reste du mois.

Selon une étude, les femmes dorment quelques minutes de plus que les hommes pour un même temps au lit, c’est-à-dire que le sommeil des femmes serait un peu plus efficace : elles dorment pendant 77 % du temps couchées, contre 74 % pour les hommes.

Le sommeil paradoxal arrive plus tôt pour les femmes
Le sommeil est divisé en plusieurs cycles : la somnolence, le sommeil léger, le sommeil profond, et le sommeil paradoxal, caractérisé par des mouvements oculaires rapides (d’où son nom en anglais, REM ou Rapid Eye Movement) alors que le reste du corps est paralysé. Les femmes auraient plus de facilité à entrer dans les premières trois phases, passant environ 10 minutes de plus dans le sommeil non paradoxal que les hommes chaque nuit (ce qui pourrait expliquer pourquoi elles dorment plus longtemps).

Cette différence s’accentue avec l’âge, car la quantité de sommeil non paradoxal est affectée par la baisse de testostérone observée chez les hommes à partir de 40 ans (qui entraîne davantage de réveils nocturnes et un sommeil moins efficace).

Les hommes et les femmes présentent aussi des différences au niveau du quatrième cycle du sommeil, le sommeil paradoxal. Cette phase arrive plus tôt chez elles, notamment durant la phase lutéale de leur cycle menstruel (après l’ovulation), quand le sommeil paradoxal survient environ 16 minutes plus tôt que pour les hommes.

Les troubles du sommeil ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes
Les femmes ont une plus grande probabilité d’être diagnostiquées d’insomnie, un trouble du sommeil favorisé par des problèmes de santé mentale tels que la dépression et les troubles anxieux (qui affectent davantage les femmes). Alors que les hommes ont trois fois plus de probabilité de souffrir d’apnées du sommeil. Mais cette différence diminue après la ménopause, qui double le risque d’apnées chez les femmes.

Notre corps est régi par des cycles circadiens, qui synchronisent notre activité avec des signaux externes, tels que la lumière. Lorsque le corps se prépare à dormir, il sécrète de la mélatonine (l’hormone du sommeil) et baisse sa température. Le lendemain, il se prépare à s’activer, en augmentant la température et en stoppant la sécrétion de mélatonine.

Chez les femmes, il semblerait que le corps se prépare à dormir plus tôt : la sécrétion de mélatonine commence environ à 22 h 49 contre 23 h 28 pour les hommes. Il est également enclin à se lever plus tôt : la température du corps commence à augmenter à 4 h 46 du matin, contre 6 h 11 pour les hommes. C’est-à-dire que les femmes et les hommes auraient des chronotypes différents, les premières pouvant se coucher et se lever plus tôt que les hommes.

Ces décalages pourraient avoir des conséquences différentes sur la santé
Sauf qu’en général, dans un couple, homme et femme ont tendance à aller au lit au même moment. Ce qui, selon les auteurs, entraînerait des décalages avec leurs cycles circadiens, avec des conséquences potentielles sur la santé : “Les perturbations du cycle circadien sont associées à plusieurs problèmes de santé, y compris des troubles du sommeil, et peuvent aussi affecter l’humeur ou les fonctions cognitives, prévient Sarah L. Chellappa. Même de petites différences peuvent avoir des conséquences significatives sur la santé et le bien-être. »

Les auteurs soulignent donc l’importance de prendre en compte ces différences entre les sexes dans les études sur le sommeil, afin de trouver des solutions adaptées à ces différences.

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