Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a pris position vendredi 7 février 2025 sur la gestion de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV), soulignant de graves dysfonctionnements et appelant à des réformes structurelles.

Il s’exprimait à Dakar lors d’une réunion ministérielle de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Agence, un organisme crucial dans la lutte contre la désertification et les effets du changement climatique en Afrique.

Un fonctionnement entravé par des retards de cotisation et un manque de gouvernance

Lors de son intervention, Ousmane Sonko a dénoncé les retards répétés dans le paiement des cotisations des États membres, une situation qui fragilise le fonctionnement de l’Agence.

Il a pointé un non-respect des textes statutaires, un déficit en ressources humaines et un manque d’efficacité dans la mobilisation des fonds internationaux.

Créée en 2007, l’APGMV a pour mission de contrer la progression du désert et d’atténuer les effets du changement climatique. Cependant, son efficacité est réduite par des financements instables et une organisation qui peine à s’adapter aux défis contemporains.

« Notre continent est celui qui pollue le moins, mais qui subit le plus les effets du changement climatique, entre avancée de la mer, désertification et inondations.

Cette agence constitue une réponse majeure à ces défis », a souligné Sonko, tout en insistant sur la nécessité d’une meilleure gestion des ressources.

Des engagements financiers non respectés et une gouvernance paralysée

Le Premier ministre a rappelé que plusieurs États membres ne remplissent pas leurs engagements financiers, citant l’exemple de la Mauritanie, qui a récemment régularisé ses cotisations. Le Sénégal, lui, accuse un retard d’une cotisation mais a promis un règlement imminent de cet arriéré.

Il a également mis en lumière un blocage institutionnel majeur : la Conférence des présidents ne s’est pas réunie depuis 2021. Cette inaction a entraîné une anomalie dans la gouvernance, le Nigeria conservant la présidence de l’APGMV alors qu’elle aurait dû être transférée au Mali depuis 2023.

« Vous devez être les interprètes de cette situation auprès de vos chefs d’État et de gouvernement afin qu’une réunion de validation des travaux en cours puisse se tenir rapidement », a exhorté Sonko aux ministres présents.

Une crédibilité internationale menacée

Ousmane Sonko a également soulevé un problème majeur de mobilisation des financements internationaux. De nombreux bailleurs préfèrent aujourd’hui traiter directement avec les antennes nationales plutôt qu’avec l’Agence, en raison de ses dysfonctionnements internes.

« Des fonds verts importants existent à travers le monde, mais leur captation dépendra de la qualité de notre organisation.

Nous devons rapidement lever ces blocages pour améliorer notre crédibilité et faciliter l’accès aux financements », a-t-il insisté.

Appel à une réforme urgente de la gouvernance de l’APGMV

Face à ces défis, Ousmane Sonko a appelé à une réforme en profondeur de la gouvernance de l’APGMV afin d’assurer une gestion plus rigoureuse et efficace de cette initiative panafricaine.

« La Grande Muraille Verte est un projet essentiel pour la durabilité environnementale de notre continent. Mais sans une réforme structurelle, nous risquons de voir cette initiative perdre en crédibilité et en impact », a-t-il conclu.

La réunion ministérielle de Dakar pourrait ainsi marquer un tournant dans la refonte du fonctionnement de l’APGMV, sous l’impulsion du Sénégal et de son Premier ministre.

VivAfrik

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