« Attaque », « défense », « combat » : le langage même du sport révèle sa nature violente, analyse le sociologue Baye Ndaraw Diop. Cette violence verbale se traduit de plus en plus par des actes physiques dans les stades

La situation du pays ne laisse pas indifférent. Le sociologue Baye Ndaraw Diop diagnostique la violence dans le milieu sportif. L’ancien coordonnateur du service de l’action éducative en milieu ouvert (Aemo) estime que le langage est «très agressif».

Le sociologue préconise des mécanismes pour endiguer le phénomène qui prend de l’ampleur.

il a invité les autorités à prendre les dispositions nécessaires pour assainir le milieu.

Le sociologue Baye Ndaraw Diop n’y est pas allé du dos de la cuillère pour parler de la violence en milieu sportif.

«Les mots qui sont utilisés dans ce milieu sont les suivants : attaque, défense, tacle, combat, résistance, battre, écraser, chute…sont suffisants pour expliquer le phénomène de la violence.

En revisitant l’histoire de la violence dans le sport, on constate que de l’antiquité aux premiers jeux olympiques, la violence acceptée dans les pratiques et compétitions était supérieure et n’obéissait pas à l’esprit de loyauté. Toutefois, la violence persiste et se présente sous plusieurs formes», se désole Baye Ndaraw Diop pour qui, des violences existent dans la lutte comme dans le football notamment le navétanes.

«Elles sont spontanées et sont le fait des supporters.

Elles concernent aussi bien le sport professionnel qu’amateur. Ces violences se manifestent sous plusieurs formes et impliquent divers acteurs. Ces violences dans le sport et autour des sports font partie de ces phénomènes qui inquiètent la société en général et plus particulièrement les fédérations sportives, les pouvoirs publics, les sportifs eux-mêmes.

Elles paraissent contraire aux valeurs du sport comme le plaisir de jouer, le fair-play, le respect des concurrents, l’antiracisme, même si la rivalité qui peut opposer deux compétiteurs ou deux équipes fait aussi partie du sport», relève le sociologue.

La violence concerne la plupart des activités sportives car elle ne se limite pas à la force qui porte atteinte à l’intégrité physique des personnes, elle revêt des formes, verbales et psychologiques, fait-il constater.

«Et en conséquence, la violence n’est pas réservée à certains sports.

Elle touche des sports collectifs, des sports de combat et des sports individuels», a-t-il rappelé. Un grand penseur ne disait-il pas que «le sport est le reflet de la société et donc tous les sports sont concernés, professionnels comme amateurs».

« La violence touche des sports collectifs, de combat et individuels »

Les violences concernent aussi bien les relations des sportifs entre eux que les relations des sportifs avec les entraîneurs, les dirigeants et les arbitres, les forces de l’ordre, les comportements des supporters, la presse (on accuse souvent à tort ou à raison certains journalistes d’alimenter et/ou d’entretenir la violence dans le milieu sportif).

«Si le football et la lutte sont fortement liés à la violence, on remarque également que d’autres sports (basket, hand-ball etc.) ne sont pas aussi épargnés pour autant.

La violence dans le sport est un sujet populaire abondamment traité dans les médias. Cette violence est principalement en lien avec la violence physique subie par les sportifs. La violence psychologique n’est pas autant visible que la violence physique, mais elle reste plus néfaste pour un athlète.

Les actes d’agression ne sont pas propres au football», a précisé le sociologue pour qui «des actes de violence entre des joueurs opposés résultent généralement d’une escalade de la rudesse des contacts personnels. Mais le seuil des contacts personnels qui demandent une sanction n’est pas toujours facile à déterminer.

Les officiels (arbitres, juges) sont fréquemment pris à partie par les joueurs, et supporters par des insultes, des bousculades, des agressions violentes dans certains cas. Les situations constatées au cours des récents matches navétanes avec leur cortège de blessés et de morts en sont une parfaite illustration», a encore soutenu M. Diop.

Toutefois, il pense que les autorités sportives (ministère-ORCAV) doivent participer à la conception et à la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre les violences dans le sport.

Leurs missions sont de contribuer à renforcer le dispositif de traitement des signalements dans un cadre interministériel, d’apporter des éclairages pour la mise en œuvre de la stratégie nationale en faveur de la prévention des violences dans toutes les manifestations sportives.

« Une vaste campagne de sensibilisation permanente doit également etre menée a tous les niveaux… »

«De façon concertée, tous les acteurs du monde sportif doivent se réunir, faire un diagnostic approfondi du phénomène et proposer des pistes de solutions appropriées à ce fléau qui ternit l’image du sport et apporte malheur et désolation dans le pays. En plus des sanctions très sévères appliquées avec rigueur et sans discrimination.

Une vaste campagne de sensibilisation permanente doit également être menée à tous les niveaux pour améliorer le niveau de conscience et de responsabilité des uns et des autres.

Mieux, il faut penser à la fusion des équipes dans les quartiers pour éviter les violences», a préconisé le spécialiste de la protection sociale, estimant que les autorités doivent «prendre les dispositions idoines pendant les manifestations sportives et adopter la tolérance zéro contre tous les contrevenants. Elles ne doivent pas céder aux chantages des dirigeants».

Il a salué les dispositions prises par le président de la République lors du conseil des ministres d’hier, interpellant le ministre des Sports, de la Culture et de la Jeunesse.

« Il revient aux parents d’assumer leurs responsabilités en tenant un discours responsable à leurs enfants. Des jeunes bien éduqués auront toujours et partout un comportement responsable quel que soient les évènements.

On ne manquera pas de conseiller les dirigeants sportifs de veiller à leur formation pour être à la hauteur des défis», a déclaré Baye Ndaraw Diop qui invite les dirigeants du mouvement à assurer des formations pour un changement de comportements.

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