Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a dressé, lundi, un tableau peu reluisant du secteur de la santé au Sénégal. Entre dysfonctionnements, mauvais traitement salarial, déficit d’infrastructures et de personnels qualifiés etc., les médecins ont posé un diagnostic inquiétant de leur secteur.

Pour se faire entendre, ils ont décrété, depuis hier, une grève de 48 h.

Plateau médical défectueux, personnel mal rémunéré et démoralisé, infrastructures sanitaires déficitaires, soins médicaux aléatoires…tels sont les maux, entre autres, dont souffre le système sanitaire sénégalais.

Les médecins, pharmaciens et dentistes trouvent leur situation déplorable.

Selon eux, dans beaucoup de zones reculées du territoire, les patients souffrent le martyre dans les structures de santé pour bénéficier de soins. Ils parcourent des kilomètres pour pouvoir se soigner. Et même dans ce cas, le plateau médical est souvent peu relevé voire inexistant.

D’autres n’ont même pas accès à la santé du fait de leur éloignement des structures sanitaires.

Il se trouve également que beaucoup de centres et de postes de santé de l’intérieur du pays n’ont pas le personnel requis et les soins ne sont pas de qualité. Des structures sanitaires sont aussi souvent dépourvues de médicament, en plus d’un matériel obsolète.

Les villes du Sénégal ne sont pas épargnées par ces dysfonctionnements.

Les hôpitaux souffrent de pannes récurrentes de machines pour les urgences mais aussi d’un déficit de personnels qualifiés.

Le Syndicat autonome des médecins pharmaciens chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames), à bout de souffle face à cette situation, a décrété deux jours de grève, hier et aujourd’hui, afin de se faire entendre par l’Etat qui, selon les syndicalistes, fait la sourde oreille, refusant de se pencher sur leur cas qui devrait être une priorité.

Pension de retraite dérisoire
Le Sames indique que le personnel ne réclame que de meilleures conditions de travail pour une offre de santé de qualité. Le Syndicat réclame le recrutement des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans la fonction publique pour soulager les structures sanitaires; une gestion démocratique des ressources humaines à travers un appel à candidatures lors des nominations à des postes de responsabilités.

Il a également mis dans sa plateforme revendicative le régime indemnitaire « qui souffre d’une incohérence et d’une injustice notoire au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes » ; la revalorisation de la pension de retraite.

Le Sames révèle qu’un médecin qui part à la retraite devient un ancien fonctionnaire très vulnérable et précaire car se retrouvant avec une pension de retraite dérisoire.

Un traitement que les médecins trouvent anormal. Le syndicat a également listé parmi ses revendications la construction progressive de nouveaux hôpitaux dans les départements pour rapprocher les soins de qualité aux populations ; l’accélération de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle (Csu) en passant tout d’abord par le remboursement de la dette de la Couverture maladie universelle (Cmu) due aux structures sanitaires.

Enfin, le syndicat déplore le manque de statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux, ce qui, dit-il, rend ces derniers très vulnérables sur le plan socio-professionnel.

Le secrétaire général national du Sames, Dr Mamadou Demba Ndour, rappelle que depuis décembre 2023, le Sames a déposé sur la table de l’Etat du Sénégal une plateforme revendicative articulée autour de 84 points. Selon lui, leur syndicat a tenu 14 rencontres avec les autorités pour trouver des solutions sans que les revendications ne soient satisfaites.

« Nous nous sommes rendus compte que l’Etat n’a pas fait le moindre pas vers nous.

Ce sont des vœux pieux qui sont annoncés, une reconnaissance de la pertinence de nos revendications. Mais en dehors de cela, aucune proposition concrète allant dans le sens de décanter la situation n’a été faite ni donnée », s’est désole Dr Ndour.

Des pannes d’équipements récurrentes
Il révèle que depuis bientôt quatre ou cinq ans, l’Etat n’a plus recruté dans leur secteur. Mais ce sont des contrats précaires qui sont proposés aux sortants des universités.

Le secrétaire général du Sames, Dr Ndour, renseigne que les médecins du Sénégal qui sont classés à la hiérarchie A Spéciale, la plus haute hiérarchie, voient des hiérarchies B d’autres secteurs mieux rémunérés qu’eux. « Des gens qui, rien qu’avec leurs avantages annuels, peuvent rémunérer trois voire quatre médecins alors qu’ils sont de hiérarchie inférieure.

Ce sont des questions essentielles sur lesquelles l’Etat ne peut pas se dérober », a martelé Dr Ndour. Il soutient que beaucoup de jeunes médecins sortis des universités sont souvent utilisés comme des étudiants. Ce qui, selon lui, ne peut plus continuer car étant une source de conflit.

Dr Mamadou Demba Ndour relève également que l’Etat a lancé beaucoup de politiques de gratuité sanitaire qui sont très salvatrices pour les populations mais peine à payer.

Conséquences, ce sont les structures qui supportent ces gratuités, ce qui a plombé beaucoup de structures de santé à travers le pays.

Pour sa part, le médecin-chef du district sanitaire de Rufisque, secrétaire général adjoint chargé des affaires médicales du Sames, Dr Diabel Dramé, abonde dans le même sens que son collègue et secrétaire général du Sames. Il indique que les conditions de travail figurent en bonne place dans leur plateforme revendicative. «

On a consacré une importance particulière à l’infrastructure et à l’équipement des structures de santé.

Dans la carte sanitaire, il y a un paquet de services dédié à chaque structure selon le niveau. Mais par rapport à cela, il faut qu’il y ait l’équipement dédié. On sait que l’Etat, ces dernières années, en termes d’infrastructures, a fait des efforts mais qui sont loin d’être suffisants », a-t-il reconnu. Selon le toubib, le gouvernement actuel doit étoffer la carte sanitaire.

« En parlant toujours de carte sanitaire dans le cadre global de nos revendications ayant trait aux conditions de travail, il y a les équipements qui sont la plupart du temps importés avec des pannes récurrentes et des pièces de rechange qui sont par moments très difficiles à avoir. Il va falloir qu’on joue sur la prévention en planifiant de manière conséquente ces choses », a-t-il proposé.

Dr Diabel Dramé évoque ainsi la panne de la radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm et les problèmes récurrents de l’appareil de l’hôpital de Cheikhoul Khadim de Touba qui permettaient de recevoir et traiter des patients cancéreux.

« Aujourd’hui, même ces deux centres de radiothérapie ne suffisent pas.

On constate qu’un d’entre eux est actuellement complètement out. Donc, je pense qu’il va falloir qu’on aille vers la planification, améliorer le plateau technique à tel enseigne que les patients puissent être traités de manière conséquente avec beaucoup de qualités.

Tout cela se trouve dans notre plateforme revendicative mais également l’accompagnement qui sied.

C’est possible d’avoir des technologies de pointe. Il faut juste y mettre les moyens et accompagner tout cela par la formation et la motivation du personnel », a-t-il estimé. Dr Dramé s’est désolé « de l’indifférence de l’Etat du Sénégal par rapport à leurs revendications ».

« Les rencontres ont débuté avec l’ancien régime.

Avec ce nouveau régime, on s’est donné presque un an et il n’y a aucun pas qui va dans le sens du règlement de notre plateforme revendicative. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous restons sur notre position », a-t-il conclu.

lesoleil

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